Le pire des scénarios s’est concrétisé. Javier Milei, le candidat libertaro-fasciste a remporté les élections en Argentine ce dimanche 19 novembre. Le résultat est malheureusement sans appel : presque 56 % pour Milei contre moins de 44 % pour Sergio Massa, le ministre candidat péroniste.
Les appels à l’abstention plus ou moins explicites d’une grande partie de la gauche révolutionnaire n’ont pas été suivis : avec une participation très légèrement inférieure au premier tour, le vote blanc et nul n’a augmenté qu’à la marge.
Pire que Trump et Bolsonaro
La victoire de l’extrême droite est avant tout le fruit d’un vote de désespoir, généré par le ras-le-bol des classes populaires face au gouvernement actuel et à la crise économique, à laquelle personne ne semble voir d’issue, tandis qu’hyperinflation et pauvreté provoquent une montée de l’insécurité et de la violence... Mais Milei n’aurait pas remporté l’élection sans le soutien de la droite néolibérale, qui se radicalise ces dernières années, notamment en la personne de Macri, l’ancien président (de 2015 à 2019). Le candidat de « La liberté avance » a d’ailleurs salué, dans son discours de victoire, un soutien « complètement désintéressé » !
Ce triomphe électoral peut signifier un tournant majeur de l’histoire argentine. Même si Milei est souvent comparé à Trump ou Bolsonaro, son programme est, sur certains aspects, encore pire : démantèlement complet de l’État social, dollarisation de l’économie, légalisation de la vente d’organes, revendication de la dictature militaire, criminalisation de la lutte sociale, rupture des relations diplomatiques avec le Brésil et la Chine, etc. Son rêve dystopique va même jusqu’à la dissolution de la police d’État… au profit de milices privées. Il reste néanmoins largement minoritaire au parlement et il faudra voir si son alliance avec la droite traditionnelle est pérenne et jusqu’où la bourgeoisie est prête à le soutenir.
Combat unitaire urgent
Sergio Massa et le péronisme sont clairement responsables de cette défaite majeure. Leur politique d’austérité au service du FMI, leurs magouilles d’appareil, leur emprise sur les bureaucraties syndicales ont accru la crise, tout en contribuant à l’ubérisation de la classe ouvrière.
Il est temps de préparer le combat unitaire contre cette extrême droite réactionnaire et ultralibérale et ses alliés sans attendre la consolidation d’un pouvoir fascisant à la tête de l’État. Il n’est pas trop tard pour prendre la mesure du danger et se mobiliser à sa hauteur : dans le mouvement ouvrier, contre toutes les mesures antisociales qui ne manqueront pas d’advenir, avec le mouvement féministe contre la mise en cause du droit à l’avortement récemment arraché, avec le mouvement piquetero contre la criminalisation du mouvement social, mais aussi avec les organisations des droits humains contre la revendication de la dictature et l’amnistie aux tortionnaires. ¡ NO PASARÁN !