Publié le Mercredi 6 juillet 2022 à 18h00.

Au Texas aussi, les frontières tuent

L’horreur à la frontière USA-Mexique : au moins 46 personnes ont été retrouvées mortes à l’intérieur d’un semi-remorque à San Antonio, au Texas, lundi 27 juin. La terrible découverte a été faite par un ouvrier qui a entendu des appels à l’aide provenant de l’intérieur de la remorque et a trouvé un amoncellement de corps à l’intérieur.

Dans une tentative désespérée de franchir la frontière, les migrantEs sont montés dans un camion sans air conditionné et sans eau, dans la chaleur étouffante du Texas. Seize autres personnes, dont quatre enfants, ont été transportées à l’hôpital après avoir souffert d’un coup de chaleur et d’épuisement.

18 000 migrantEs par jour à la frontière

Le responsable politique démocrate – et candidat au poste de gouverneur du Texas – Beto O’Rourke a appelé à agir pour « démanteler les réseaux de trafic d’êtres humains ». Mais le sang est sur les mains de l’État américain et de ses contrôles frontaliers.

Le nombre de personnes qui tentent de franchir la frontière de manière irrégulière a atteint cette année le niveau le plus élevé depuis plus de dix ans. Les forces frontalières ont déclaré en mars de cette année qu’elles s’attendaient à un chiffre de 18 000 migrantEs par jour.

Alors qu’un nombre croissant de migrantEs risquent leur vie pour se rendre aux États-Unis, les possibilités de franchir la frontière en toute sécurité sont pratiquement inexistantes. Malgré les promesses faites par le président Joe Biden pendant sa campagne électorale, la politique d’immigration a peu changé depuis la présidence de Donald Trump.

L’ordre de santé publique connu sous le nom de Titre 42, que l’administration Trump a d’abord utilisé pour expulser les migrantEs, est toujours en vigueur. Cet ordre renvoie les migrantEs sans possibilité de demander l’asile. Souvent, cela les conduit à faire des tentatives répétées pour traverser la frontière.

Pendant la présidence de Biden, cette politique a repoussé au moins un million de personnes. Le directeur politique de l’American Immigration Council, Aaron Reichlin-Melnick, a déclaré que de telles politiques n’entraînent que des tragédies.

Une horreur qui se répète dans le monde entier

« Avec la frontière fermée aussi hermétiquement qu’elle l’est aujourd’hui pour les migrants du Mexique, du Guatemala, du Honduras et du Salvador, les gens ont été poussés vers des routes de plus en plus dangereuses », a-t-il posté sur Twitter. « Les passages en fraude par camion sont en forte hausse ».

En septembre dernier, le service US des douanes et de la protection des frontières comptabilisait 557 décès en un an, rien qu’à la frontière sud-ouest, Texas compris. Et le nombre réel est probablement encore plus élevé.

Les contrôles frontaliers américains tuent des centaines, voire des milliers de personnes par an. L’horreur à laquelle sont confrontés les réfugiéEs et les migrantEs au Texas se répète dans le monde entier.

Des manifestations de colère ont eu lieu après que les forces de sécurité marocaines, travaillant avec la police nationale espagnole et la Garde civile, ont massacré au moins 37 personnes à Melilla, en Afrique du Nord. En Grande-Bretagne, les Tories continuent de promouvoir leur projet meurtrier d’envoyer des réfugiéEs au Rwanda.

Le 19 juillet, Care4Calais et le syndicat PCS seront au tribunal pour lutter contre l’illégalité du plan d’expulsion vers le Rwanda. La bataille au sein des tribunaux doit s’accompagner de manifestations de colère à l’extérieur. Les contrôles frontaliers tuent.