Publié le Jeudi 30 août 2012 à 13h09.

Chronologie de la crise grecque

1967-73 : un coup d’État préventif est organisé pour empêcher la venue au pouvoir d’un gouvernement de centre-gauche dirigé par Giorgos Papandréou, père d’Andreas et grand-père du récent Premier ministre Georges. La junte militaire soutenue par les États-Unis réprimera dans le sang la révolte des étudiants de l’École Polytechnique le 17 novembre 1973 et jouera sa dernière carte dans le débarquement militaro-nationaliste à Chypre à l’été 1974. De cette période proviennent les actuels groupes d’extrême droite comme Laos ou nazis comme Chryssi Avgi.Automne 1981 : après un été de mobilisation à gauche avec comme mots d’ordre « Grèce-France, vive le socialisme », un gouvernement de gauche est élu pour la première fois en Grèce sans être précédé ni suivi de coup d’État militaire, avec comme Premier ministre Andreas Papandréou, fondateur du Pasok.La Grèce devient le 10e membre à entrer dans l’Union européenne.1984 : premier plan d’austéritéAutomne 1989 : coalition de la droite Nouvelle Démocratie (ND) et du Synaspismos (alliance du KKE / PC de tradition stalinienne et du PC eurocommuniste) pour chasser le Pasok, qui revient très vite au pouvoir. Éclatement du Synaspismos avec le départ du KKE.1997 : la Grèce obtient l’organisation des Jeux olympiques de 2004, en s’engageant dans un énorme programme de constructions et d’infrastructures, pour un budget initial qui fera plus que doubler en cours de route.2001 : énormes mobilisations victorieuses contre le plan de casse du système des retraites du ministre Giannitsis (Pasok)… qui se retrouvera ministre dans le gouvernement d’union nationale de l’automne 2011.La Grèce devient membre de la zone euro.2004 : les élections législatives donnent la victoire, dans le cadre du bipartisme, à la ND dirigée par Kostas Karamanlis, neveu du dirigeant historique de la droite des années 1950 à 1990. Déroulement des Jeux olympiques qui laisseront un endettement considérable et, malgré les engagements, l’abandon de structures sportives coûteuses et peu utiles.À la suite d’initiatives de dialogue entre différentes forces de gauche réformistes, radicales et révolutionnaires, lancement de Syriza, avec comme composante majoritaire le Synaspismos.6 décembre 2008 : dans un climat antijeunes et répressif entretenu par la droite, assassinat par un policier d’Alexis Grigoropoulou, 15 ans, dans le quartier d’Exarcheia. Véritables émeutes de la jeunesse dans toute la Grèce.2009Après un processus de regroupements anticapitalistes, fondation d’Antarsya, associant plusieurs groupes de la gauche révolutionnaire, dont les deux plus importants, NAR et SEK, ainsi qu’OKDE-Spartakos, section grecque de la ive Internationale.Octobre 2009 : élections législatives, victoire du Pasok, Georges Papandréou « hérite » du poste de Premier ministre, en promettant de rompre avec la politique de rigueur de la droite. Peu après, le gouvernement annonce que les chiffres du déficit ont été trafiqués par la droite et que leur ampleur oblige à des mesures d’austérité et à la recherche d’un soutien financier européen.6 et 7 décembre : manifestations dans toute la Grèce à la mémoire d’Alexis. 10 000 à Athènes malgré les intimidations des flics.17 décembre : manifs à caractère national appelées par Pame, le courant syndical du KKE, se voulant contre la politique du Pasok… et contre les syndicats majoritaires des travailleurEs, dirigés par le Pasok. Les courants radicaux transforment cette journée en grève pour une lutte unitaire. Juste après, la Confédération GSEE annonce qu’elle appellera à des mobilisations.201010 février 2010 : Adedy, la fédération des travailleurEs de la fonction publique, organise une grève, très bien suivie. Depuis un an, l’Union européenne (UE) fait pression pour une baisse des rémunérations dans ce secteur !24 février : appel à la première grève générale contre les mesures d’austérité de Papandréou : 2,5 millions de grévistes sur une population de 11 millions d’habitantEs ! Au moins 50 000 manifestantEs à Athènes3 mars : annonce du deuxième paquet de mesures contre la fonction publique et les retraites, sur injonction de l’UE.11 mars : sous la pression des travailleurEs, et alors qu’elle renvoyait des mobilisations à plus tard, la GSEE est obligée d’appeler à une deuxième grève générale. 62 % de la population se dit prête à participer à des mobilisations sociales.Avril : choisissant le cadre dépaysant d’une petite île, Papandréou demande officiellement l’activation de prêts de l’UE et du FMI.22 avril : face aux attaques (les mesures prévues se concentrent contre elle dans un premier temps) et à la propagande démagogique, grève générale de la fonction publique.23 avril : manifs appelées par les syndicats de base, la gauche antilibérale et anticapitaliste pour appeler à un refus général des mesures.1er Mai : 30 000 manifestantEs à Athènes, les plus gros cortèges étant ceux d’Antarsya (regroupement de la gauche anticapitaliste) et des syndicats de base.5 mai : vote du premier mémorandum : 110 milliards de prêts… en échange de mesures de casse de tous les acquis sociaux en commençant par de très grosses coupes dans les retraites et les salaires dans la fonction publique.Grève générale. Face à une propagande insupportable sur les mesures inévitables et la patrie en danger, des centaines de milliers de manifestantEs dans des cortèges monstres dans tout le pays. À Athènes, des encagoulés jamais retrouvés mettent le feu à une banque : trois employéEs trouvent la mort. On continue à s’interroger sur les causes possibles et sur les acteurs de cette provocation.15 mai : appel à une manif nationale du seul KKE. 20 à 30 000 participantEs.20 mai : nouvelle grève générale, très bien suivie. Au moins 50 000 personnes à Athènes, avec hommage aux trois victimes.5 juin : 6 000 manifestantEs à Athènes contre les privatisations et la casse des retraites.23 juin : Pame appelle seule à la grève générale : bide complet.29 juin : nouvelle grève générale, avec 30 000 manifestantEs à Athènes et 10 000 à Salonique. Même si la grève est bien suivie, des critiques se font largement entendre sur cette tactique de journées à répétition.8 juillet : le jour du vote des mesures de casse des retraites, grève générale, avec 25 000 manifestantEs à Athènes.29 septembre : pour éviter une très grosse mobilisation lors de la journée de mobilisation européenne, les bureaucraties syndicales n’appellent pas à la grève mais à des rassemblements le soir…7 novembre : élections municipales et régionales : le Pasok perd 1,1 million de voix. Le bipartisme entre en crise, surtout sous la forme de l’abstention. Le groupuscule néonazi Chryssi Avgi obtient 5 % à Athènes, mais Antarsya obtient plusieurs élus dans le pays.15 novembre : manifs à l’appel de la gauche anticapitaliste et du KKE contre l’arrivée de la Troïka (représentants de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne et du FMI).17 novembre : au moins 50 000 à Athènes pour la manif de commémoration de Polytechnique.6 décembre : mobilisation des jeunes dans tout le pays, à la mémoire d’Alexis.15 décembre : gros succès de la grève générale, et arrêt de travail le 22. Comme d’habitude, on compte au moins deux cortèges très séparés : le gros des cortèges avec GSEE et Adedy, et celui de Pame sans volonté de jonction.201123 février 2011 : grève générale, au moins 200 000 manifestantEs à Athènes, 50 000 à Salonique.Février-mars : grève de la faim « des 300 » immigrés luttant pour l’obtention de papiers. Malgré l’isolement et une campagne de presse violemment hostile (le soutien est organisé avant tout par la gauche anticapitaliste, et le NPA aide au relais avec un appel unitaire en France), cette lutte est victorieuse.15 mai : grève générale pour accueillir la troïka. La grève est très bien suivie, avec 40 000 manifestantEs à Athènes et une répression sauvage.Mai-juin : printemps des IndignéEs, lié à de nombreuses mobilisations, comme celles dans les hôpitaux ou contre les péages, celle de l’ensemble des habitantEs de Keratea contre le projet d’une décharge. En juin, le Festival antiraciste se déplace en partie pour faire le lien avec le mouvement des IndignéEs.5 juin : point culminant du mouvement des Indignés, qui se développe dans de très nombreuses villes. Au moins 100 000 sur la place Syntagma à Athènes, avec écrasante majorité autour de la gauche radicale et anticapitaliste, mais aussi apparition de courants nationalistes au sein du mouvement (et même de Chryssi Avgi).9 juin : journée d’action contre les privatisations, jonction syndicale avec les IndignéEs.15 juin : grève générale, très suivie, avec très gros rassemblement sur la place Syntagma, occupée par les IndignéEs depuis trois semaines. Provocations communes des flics et des fascistes.28 juin : grève générale contre l’adoption du nouveau plan d’austérité (dit « programme de moyen terme », qui prévoit essentiellement la désorganisation et la vente de parties de l’appareil de l’État), avec des dizaines de milliers de manifestantEs à Athènes (mais pas les centaines de milliers escomptéEs). La GSEE tente de répondre à la combativité en appelant à une seconde journée de grève le 29, mais celle-ci est moins suivie, et la manif athénienne subit une très forte répression.Septembre : début d’une forte mobilisation étudiante, pour empêcher sur le terrain l’application de la réforme libérale imposée par la ministre Diamantopoulou (Pasok).10 septembre : manif des syndicats et des jeunes lors de la Foire internationale de Salonique, ministres yaourtés !Fin septembre : de très nombreuses grèves dans le secteur des transports.15 octobre : journée mondiale des IndignéEs, peu de monde à Athènes.19 et 20 septembre : deux jours de grève générale. Le 19 est une journée exceptionnelle : environ 500 000 dans les rues d’Athènes, avec magasins fermés en solidarité active. Grande peur de la bourgeoisie et de la bureaucratie, répression (un travailleur est tué le 20, sans que ses obsèques ne donnent lieu à une journée de mobilisation nationale). Le 20, la mobilisation est moindre.5 octobre : grève de la FP, avec occupation de ministères et d’établissements scolaires, et 50 000 manifestantEs à Athènes.28 octobre : fête nationale investie dans de nombreux endroits par des manifestantEs qui chassent les officiels.11 novembre : après un coup de bluff pour un référendum de la part de Papandréou, formation du gouvernement d’union nationale autour du technocrate Loukas Papadimos. Pour la première fois depuis 1974, des représentants de l’extrême droite (Laos) participent à un gouvernement.17 novembre : au moins 50 000 manifestantEs à Athènes pour commémorer Polytechnique, sans compter les 5 à 10 000 avec le KKE.1er décembre : première grève générale sous le gouvernement d’union nationale. Assez forte mais bien moindre qu’en octobre. 20 000 manifestantEs à Athènes.201217 janvier 2012 : grève pour la région d’Attique (manif de 20 000 personnes), en soutien aux grévistes de l’usine sidérurgique de Halivourgia, alors en grève depuis deux mois.12 février : vote du deuxième mémorandum : il s’agit essentiellement de casser le droit du travail et de brader tout ce que est public en échange d’un nouveau prêt de 130 milliards. En fait avec ceci les pays européens nationalisent les dettes privées de leurs banques en adossant le coût sur la Grèce sous forme de prêts en échange de nouvelles mesures continuant de plonger le pays dans une misère rappelant celle des années 1940.Au moins 80 000 manifestantEs à Athènes, au terme d’une semaine de mobilisation, dont une grève générale appelée le 6… pour le 7. Objectif : le refus du train de mesures exigées par la troïka.Fin février : mobilisation GSEE/Adedy pour protester contre le vote du Parlement.1er Mai : mobilisations d’ampleur moyenne. La grève d’Halivourgia en est à son 200e jour.6 mai et 17 juin : élections législatives, devenues incontournables. Effondrement du bipartisme, disparition électorale du Laos mais montée du groupuscule nazi Chryssi Avgi (Aube dorée, qu’il convient de nommer plutôt Hordes d’horreur). Grande peur électorale de la bourgeoisie grecque et internationale devant le risque qu’arrive en tête le regroupement réformiste/radical Syriza, qui finalement arrive second avec plus de 26 % des voix.13 au 15 juillet : Festival antiraciste.Deuxième moitié de juillet : tensions au sein du gouvernement, pour déterminer les secteurs à sacrifier en vue de présenter à la Troïka un plan d’économies de 11,6 milliards d’euros : couper encore plus dans les retraites, réduire les dépenses de fonctionnement des ministères, se résoudre à réduire les rémunérations des « corps spéciaux » (CRS, armée...)...