La campagne électorale a été marquée par la situation en Corse, et Philippe Poutou a été amené plus d’une fois à parler, dans nos meetings et dans les médias, de notre attachement au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
C’est énoncé comme un très ancien principe politique, à vocation universelle, et pourtant la bourgeoisie et ses gouvernements, qui reconnaissent théoriquement ce droit, en font une lecture à géométrie variable, quand ils ne s’assoient pas purement et simplement dessus.
Un droit sans cesse bafoué !
L’exemple du monarque – c’est un Bourbon ! – qui règne sur l’État espagnol est emblématique à la fois du cynisme et de la brutalité du nationalisme dominant en Espagne – qui a quand même emprisonné militantEs et éluEs catalanEs pour des raisons politiques ! – et de la complicité des gouvernements et des institutions de l’Europe, qui ont laissé faire en regardant ailleurs.
L’État français, quant à lui, s’est illustré, en la matière, de la pire des façons, et continue de le faire dès que l’occasion se présente de préserver ses intérêts néo- (ou carrément) coloniaux. Le traitement infligé aux COM (ex DOM-TOM) sur les questions sociales, la violente répression qui s’abat sur les mouvements sociaux qu’engendrent ces inégalités, en sont la marque permanente, que ce soit en Guadeloupe, en Martinique ou en Guyane. L’exemple de la Kanaky, enfin, illustre à la fois la violence dont peut faire preuve l’État colonial – l’assassinat des militants indépendantistes, en 1988, à la grotte d’Ouvéa, en pleine élection présidentielle – et le mépris dans lequel ces gens-là tiennent la population – le refus de reporter le référendum de décembre 2021, finalement boycotté par les indépendantistes Kanak.
Une brûlante actualité !
À son tour la guerre en Ukraine a braqué les projecteurs sur le droit à l’autodétermination. D’une part, en mettant en avant la violation flagrante par Poutine du droit du peuple ukrainien à disposer de lui-même, d’autre part en rappelant l’usage pervers que la dictature russe a pu faire de ce droit en l’instrumentalisant à son profit, que ce soit en Crimée, en Georgie ou en Moldavie. Preuve, s’il en était besoin, que ce droit, pour s’exercer vraiment, doit être mis en œuvre de façon démocratique sous le contrôle des populations concernées...
La Corse, quant à elle, en faisant irruption au beau milieu de la campagne électorale, a remis sur le devant de la scène des revendications démocratiques élémentaires la concernant, comme le statut des prisonniers politiques. Elle a aussi rappelé que l’État français, y compris en métropole, ne se penchait sur ces questions que contraint et forcé.
Là encore, le bilan du mandat de Macron, à la suite de ses prédécesseurs, reste de l’ordre du simple déni : toujours pas de moyens pour l’enseignement des langues régionales, toujours pas de co-officialisation de ces langues sur leurs territoires, et toujours cette barrière constitutionnelle que la république une et indivisible oppose à toute avancée. De la même façon, le récent découpage des grandes régions reste une entrave à toute forme de revendication nationale ou régionale et, par là, interdit en France tout exercice d’un quelconque droit à l’autodétermination.