Publié le Jeudi 1 juillet 2021 à 08h00.

Des candidatEs noirs sont en tête à New York, une socialiste noire bientôt maire à Buffalo

Il y a un an, 15 millions de personnes, à l’échelle nationale, ont participé aux manifestations de Black Lives Matter (BLM) contre le racisme et les violences policières. Un an plus tard, lors des primaires démocrates en vue des élections municipales, les effets du mouvement se font sentir.

Ce mouvement a notamment débouché sur la demande de « définancement de la police », interprétée de diverses manières, allant de l’abolition des forces de police à la redistribution des fonds de la police à d’autres services publics. Dans le même temps, l’année dernière, les villes étatsuniennes ont connu une augmentation de 33 % des homicides et autres crimes violents dans les 66 plus grandes juridictions policières du pays.

Deux candidatEs noirs en tête à New York

Tant BLM que l’augmentation des crimes violents ont fait du maintien de l’ordre la question centrale de la course à la mairie de New York, même si la ville de New York a perdu plus d’emplois, en termes absolus et proportionnels, que toute autre ville du pays : 500 000 emplois, soit une baisse de près de 12 %. À New York, où treize candidatEs se sont présentés pour la primaire démocrate en vue de l’élection municipale, les deux personnes qui ont obtenu le plus de voix sont toutes deux noires : l’ancien capitaine de police et président de l’arrondissement de Brooklyn Eric Adams et l’avocate progressiste, conseillère juridique du maire Bill de Blasio, et commentatrice de l’actualité télévisée Maya Wylie. Adams a obtenu 31,7 %, tandis que Wylie a obtenu 23,3 %. Adams et Wyle ont remporté tous les arrondissements, à l’exception de Manhattan, plus riche et plus blanc. Cependant, étant donné que pour la première fois, New York utilise le vote par classement (« ­ranked-choice voting »), les résultats définitifs ne seront pas disponibles avant plusieurs semaines et il est possible qu’un autre candidat ayant obtenu plus de voix en deuxième, troisième, quatrième ou cinquième position finisse par l’emporter. Si tel est le cas, l’autre vainqueur possible le plus probable est la modérée Kathryn Garcia, une femme blanche, qui a remporté 19,5 %.

Néanmoins, il est clair que la plupart des démocrates new-yorkais ont voté pour un maire noir comme premier choix. La ville de New York n’a connu qu’un seul autre maire noir, David Dinkins (1990-1993) et n’a jamais eu de femme maire. La plupart des candidats à la mairie de New York, y compris les deux principaux candidats noirs, ont évité d’utiliser l’expression « définancer la police ». Adams a fait appel aux propriétaires noirs, promettant d’améliorer la protection de la police en se débarrassant des armes à feu illégales, tandis que Wylie, qui a été très critique à l’égard de la police, affirme qu’elle redistribuera les fonds du département de la police à d’autres organismes, tels que la santé mentale.

Une socialiste noire bientôt maire ?

La grande surprise des primaires démocrates de l’État de New York a été la victoire d’India B. Walton, une femme noire qui se décrit comme socialiste, lors de la primaire démocrate pour la mairie de Buffalo, dans l’État de New York, une ville pauvre de 250 000 habitantEs, comptant 37 % de NoirEs. Elle serait le premier maire socialiste d’une ville états­unienne depuis soixante ans. Walton, qui a 38 ans et est infirmière diplômée, a eu une vie difficile. Elle a eu son premier enfant à 14 ans et des jumeaux prématurés à 19 ans, une expérience qui l’a amenée à vouloir étudier les soins infirmiers. Elle est devenue une activiste communautaire et, bien qu’elle ne se soit jamais présentée à une fonction publique, elle a battu à 52 % contre 45 % le maire sortant (quatre mandats), Byron Brown, ancien chef du Parti démocrate de l’État et allié du gouverneur Andrew Cuomo.

Mme Walton a d’abord fait appel aux électeurs blancs progressistes et a obtenu le soutien du Working Families Party et du Democratic Socialist of America. Elle s’est ensuite adressée à la communauté noire et à ses églises, plus conservatrices, et a obtenu leur soutien. Elle n’a pas parlé de la suppression des fonds destinés à la police, mais de la réaffectation de ces fonds à la santé mentale, à l’emploi, à l’éducation et au logement. Brown, croyant qu’il gagnerait, ne veut pas débattre. Walton a gagné en partie parce que sa campagne bien organisée avait un avantage dans une élection primaire à faible taux de participation des électeurs – seulement 20 % – un peu comme l’élection d’Alexandria Ocasio-Cortez au Congrès. Quoi qu’il en soit, la deuxième plus grande ville de l’État de New York est désormais susceptible d’élire une maire socialiste en novembre.

Traduction J.S.