Selon les autorités cantonales, l’évacuation de la zone à défendre (ZAD) de la colline du Mormont mardi 30 mars dernier (voir l’Anticapitaliste n° 563), a été menée avec grand professionnalisme. Les zadistes et témoins sur place ont une version des faits bien différente.
Les moyens déployés sous l’autorité du Conseil d’État frappent par leur gigantisme. Un communiqué de presse de la Police cantonale datant du 2 avril nous apprenait que 600 femmes et hommes ont été engagés dans l’opération d’évacuation face à une centaine de zadistes. De plus, alors qu’ils et elles détenaient une accréditation accordée par la police, plusieurs journalistes ont été priés par les forces de l’ordre de quitter les lieux ou ont été entravés dans leurs déplacements.
Les jours suivant l’évacuation, selon divers témoignages, la police a saisi les sacs de couchage de deux personnes réfugiées dans un arbre, ce qui les a plongées dans un état d’hypothermie dangereux pour leur intégrité physique. Les premières peines prononcées à l’encontre de quelques zadistes par le Ministère public dans les jours suivant l’évacuation sont très sévères. 45 ordonnances de condamnation pénale immédiate ont été prononcées, allant jusqu’à 90 jours de prison ferme pour la plus lourde.
Médecin en garde à vue
Face à ces réponses tout à fait inadmissibles des autorités politiques et judiciaires aux préoccupations légitimes des zadistes sur l’avenir de la colline du Mormont, une manifestation a été organisée le samedi 3 avril à Lausanne autour de revendications telles que l’abandon des poursuites pénale contre les zadistes, la démission de Béatrice Métraux, conseillère d’État verte en charge de la police, ainsi que l’arrêt de l’exploitation de la carrière par Holcim avec mise en place d’un plan de reconversion de ses travailleurEs dans des emplois compatibles avec la transition écologique.
Largement soutenue par de multiples collectifs et organisations, elle a réuni plus de 1 000 personnes. Elle a par ailleurs été ponctuée de multiples témoignages. Une médecin présente lors de l’évacuation pour assurer une permanence sanitaire a ainsi relaté son arrestation et sa garde à vue. Elle a dû subir une fouille à nu, avec contrôle des parties intimes. Ceci alors qu’un accord de non-intervention contre les personnes clairement identifiées en tant que soignantEs avait été convenu avec les forces de l’ordre. Hadrien Buclin, député Ensemble à Gauche au Grand Conseil a interpellé le Conseil d’État mardi 20 avril à propos de quelques faits soulevés ici.
Alors que la ZAD de la colline n’est plus, les questions autour de l’avenir du Mormont et plus largement d’un futur sans béton, sont à peine ouvertes. Par leurs réponses, le gouvernement à majorité dite de « gauche » et sa ministre verte ont voulu noyer le poisson. Partant, ils démontrent leurs priorités politiques : la défense de la propriété privée et des profits de l’exploitant de la carrière, LafargeHolcim.
Article publié dans le n°387 de solidaritéS (Suisse).