En Tunisie, une répression policière et judiciaire d’une gravité et d’une ampleur inédites depuis la mise en place de la démocratie libérale en 2011 cible actuellement les contestataires de tout bord politique.
Déjà brutale contre les participantEs au mouvement social de l’hiver 2020-2021, la répression s’est étendue et aggravée depuis le coup d’État du 25 juillet dernier. D’anciens parlementaires ont été déférés devant les tribunaux militaires et incarcérés. Des journalistes critiques sont empêchéEs d’exercer leur métier et harcelés par les policiers. Ces derniers, organisés en syndicats, se déchaînent contre les habitantEs des quartiers populaires, les personnes LGBT, les militantEs associatifs et politiques, les syndicalistes, etc.
Dans le viseur : la jeunesse forgée par la révolution
Une dizaine de militantEs féministes, LGBT et d’extrême gauche sont inculpés – entre autres charges – de prétendues « violences contre agent de la fonction publique ». Leur dossier judiciaire a été transféré au tribunal de Jendouba, très loin de Tunis, leur ville de résidence. La journaliste et féministe Arroi Baraket est accusée des mêmes charges alors qu’elle a été agressée par un agent de police. Initialement prévu le 22 octobre, le procès a été reporté au 26 janvier prochain. Le 21 octobre, Badr Baabou, le président de l’association LGBT Damj, a été grièvement blessé par des policiers qui ont pris possession de son téléphone portable et de données concernant l’association. Il est actuellement hospitalisé.
Ces militantEs appartiennent à la jeunesse forgée par la révolution. TouTEs ont été particulièrement actifs et actives dans les mobilisations des dix dernières années. Aspirant à un changement radical, ils et elles luttent contre l’autoritarisme, le patriarcat et le capitalisme, en cherchant à construire des alliances entre les habitantEs des quartiers populaires, les militantEs féministes et LGBT.
En mettant fin à la démocratie libérale instituée en 2011, le coup d’État est la réponse brutale aux contradictions entre, d’une part, les espaces d’auto-organisation et de contestation que la révolution a ouverts et, d’autre part, le maintien de l’ordre capitaliste et patriarcal. Pendant plusieurs années, d’innombrables travailleurEs ont remis en cause l’arbitraire patronal et réclamé des conditions de travail plus dignes. D’innombrables femmes ont exigé l’égalité entre les sexes et la fin des violences sexistes, parallèlement à la formation d’un mouvement LGBT.
Alors que les inégalités sociales et la pauvreté ont implosé, la restauration autoritaire vise à sauvegarder les intérêts du patronat et à maintenir le patriarcat.
Le NPA exprime sa solidarité envers toutes celles et ceux qui, en Tunisie, résistent à la restauration autoritaire et luttent pour une société plus juste.