Publié le Mercredi 7 juin 2023 à 19h00.

État espagnol : de l’impasse du gouvernement progressiste à la vague réactionnaire

Les récentes élections municipales et régionales en Espagne ont provoqué un séisme politique. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a subi une défaite cuisante, perdant six des huit communautés autonomes qu’il gouvernait. La droite, représentée par le Parti populaire (PP) et Vox (extrême droite), a gagné du terrain et consolidé son pouvoir électoral.

La gauche gouvernementale, y compris Podemos, a connu des défaites importantes. Podemos a même disparu à Madrid, aux Canaries et à Valence, devenant un parti résiduel dans ces régions. Cette situation a conduit le Premier ministre Pedro Sánchez à convoquer des élections anticipées pour le 23 juillet.

Une gauche de modernisation capitaliste

La question centrale est que le pouvoir progressiste n’a rien fait pour renforcer la classe ouvrière au cours de ses années de gouvernement. La politique de paix sociale s’est traduite par une baisse des salaires sans toucher aux profits. Le projet de la gauche progressiste est celui de la modernisation capitaliste et du maintien de l’Espagne dans le club de la périphérie impériale en déclin. Même si Pedro Sánchez maintenait l’arithmétique pour être au gouvernement, la restauration menée par la droite serait déjà en cours.

La gauche du gouvernement, touchée et à demi assoupie après ces élections, cherchera à se maintenir au milieu de querelles de postes sans faire un bilan critique des effets de son intégration au régime. Liée pieds et poings au bloc progressiste, son usure sociale est d’ores et déjà inéluctable. Elle se traduira à moyen terme par de nouvelles crises et des processus d’implosion.

L’avenir politique présente deux scénarios possibles. Dans le premier scénario, le gouvernement progressiste pourrait être réélu, mais cela ne représenterait pas un véritable changement de cap politique. Dans le deuxième scénario, la droite remporterait les élections et Vox pourrait entrer au gouvernement. Cela impliquerait une intensification des attaques antisociales, contre les droits des personnes migrantes, les femmes et personnes LGTBIQ+ et les ­libertés civiles.

Construire un projet politique indépendant

Face à ces scénarios, les mouvements sociaux, syndicaux et la gauche écosocialiste et anticapitaliste doivent se préparer aux défis à venir. Il est essentiel de construire un projet politique indépendant du bloc progressiste et de travailler à l’ouverture d’une autre perspective politique. Les débats sur le vote et les appels à l’abstention ne sont pas suffisants. Il est temps de se préparer à renverser le régime politique existant et de défendre les intérêts de notre camp contre les attaques à venir.

La construction d’un avenir différent nécessite de semer les graines d’un projet politique écosocialiste et anticapitaliste, qui mette au centre le conflit de classe et la convergence avec les mouvements émancipateurs. Malgré la situation de minorité actuelle, il est essentiel de persévérer dans cette voie pour ouvrir de nouvelles perspectives.