Éditions Syllepse, 2025, 204 pages, 12 euros. Préface d’Edwy Plenel.
Début juin, le dernier opus du réseau VISA (Vigilance et initiatives syndicales antifascistes), Nouveaux fascismes, ripostes syndicales est paru aux éditions Syllepse. Cet ouvrage propose une plongée dans le monde réel, celui de 2025, de la terreur fasciste qui monte aux quatre coins du globe et de celles et ceux qui y résistent. Sa lecture provoque un électrochoc, le condensé d’événements dramatiques qui inonde nos fils actualité chaque matin porte un nom : l’extrême droite qui met en œuvre sa politique fasciste.
Un livre pour survivre
C’est avant tout un livre d’utilité publique, destiné à toutes celles et ceux pour qui la lutte antifasciste est un impératif, une question de survie. Les syndicalistes, les travailleuses et travailleurs, sont en première ligne de cette offensive globale. En proposant une analyse et un inventaire factuel du fascisme au 21e siècle, VISA nous offre un outil militant essentiel. Pour lutter contre la résignation, pour s’alimenter des résistances antifascistes actuelles, il faut lire et faire lire cet ouvrage à ses collègues, ses amis et sa famille.
Dans sa préface, Edwy Plenel souligne que « ce manuel de résistance nous indique comment construire la digue […] une digue sociale, unitaire et internationaliste ». Les contributions, écrites par des syndicalistes et des militantEs, montrent à la fois les similitudes et les différences des dynamiques fascistes ou fascisantes dans 21 pays. Une chose est sûre, partout, hier comme aujourd’hui, les syndicats sont une cible privilégiée du fascisme. Et les syndicalistes sont au cœur des résistances qui lui font face.
Patronat français et législatives anticipées de 2024
La première partie du livre revient sur le contexte français, et notamment des dynamiques de rapprochement à l’œuvre entre le grand patronat et l’extrême droite. Les convergences entre certains secteurs du grand patronat se sont accélérées et sont devenues de plus en visibles au moment des législatives de 2024, quand l’arrivée du RN au pouvoir était plus qu’une hypothèse sérieuse. La mobilisation intersyndicale, et de larges pans de la société, derrière le NFP (Nouveau Front populaire) permet de lui barrer la route. Mais nous sommes prévenus. C’est cette urgence — unitaire, antiraciste et antifasciste — qui ressort des contributions de la confédération CGT, de l’Union syndicale Solidaires et de la FSU.
Le droit de grève en Hongrie et la résistance dans l’éducation
L’exemple hongrois témoigne de ce que signifie cette « marche vers la dictature », dont l’une des premières mesures, il y a 15 ans déjà, fut de limiter le droit de grève. Ce chapitre, centré sur la politique réactionnaire et fascisante d’Orban dans l’éducation, permet de mesurer l’ampleur des reculs et ses conséquences sur les élèves et le corps enseignant. La militante de Tanitanek, mouvement de résistance de travailleurEs de l’éducation formé en 2015, nous indique aussi les chemins sinueux de la résistance qui s’organise.
Contre-réformes brutales en Finlande
En Finlande, l’adoption en 2024 d’un programme de contre-réformes aussi brutal que raciste par le parti les « Vrais Finlandais », a lui enclenché une importante riposte syndicale. Le vaste mouvement de grève à l’appel des deux confédérations du pays aurait coûté un milliard d’euros au patronat. Si le mouvement a échoué à faire reculer le gouvernement, le parti d’extrême droite a chuté dans l’opinion publique et a subi un important revers électoral par la suite. Des résistances syndicales qu’on retrouve aussi en Inde, en Argentine ou en Italie. Et si aucune n’a vaincu, c’est bien la première digue, celle qui empêche toutes les autres de céder.
Nous devons être la digue…
Car quand le syndicalisme a été vaincu, ou plutôt intégré à l’appareil d’État, la violence des nouveaux fascismes se déploie pleinement. En Iran ou au Belarus, les résistances doivent faire face à la répression systématique, l’emprisonnement et même la mort. Elles se réinventent pourtant, en exil ou dans la clandestinité. Mais c’est aussi la guerre et la violence génocidaire qui s’abat sur les peuples, comme nous le rappellent les chapitres dédiés à la Palestine et à l’Ukraine. Si la lutte syndicale, plutôt que disparaître, change radicalement dans ces derniers cas, c’est un avertissement sans frais. Nous n’avons pas le choix, il faut à tout prix empêcher le pire de continuer à advenir.
Elias Vola