Publié le Jeudi 8 septembre 2022 à 18h00.

État espagnol : « Solo si es si »... en France aussi, les femmes doivent être écoutées

« Seul un oui est un oui » : suite à une longue bataille du mouvement féministe, fin août, la « loi de garantie intégrale de la liberté sexuelle » a été approuvée définitivement par le Parlement espagnol.

«Notre pays inscrit, enfin, dans sa loi, que le consentement doit être l’élément central de nos relations sexuelles. Les femmes n’auront plus à démontrer qu’il y a eu violence ou intimidation lors d’une agression pour que cela soit reconnu comme une agression sexuelle », s’est réjouie la ministre Irene Montero, de Podemos. 

La France à la traîne

Déjà six pays européens, dont l’Allemagne et le Royaume-Uni, reconnaissent qu’un rapport sexuel sans consentement est un viol. La Suède avait adopté une « loi du consentement » en 2018, permettant que les condamnations pour viol augmentent de 75 % l’année suivante.

Au contraire, en France, le Code pénal considère le corps des femmes à disposition, puisque avoir dit non ne suffit pas pour que la pénétration imposée soit caractérisée comme viol : il faut prouver qu’il y a eu violence ! 

La loi espagnole inclut l’exploitation sexuelle, les mutilations génitales et les mariages forcés dans les violences, fait de la soumission chimique une circonstance aggravante, criminalise la violence numérique et rend obligatoire une éducation sexuelle à tous les niveaux d’études. Sont prévus le versement d’un revenu d’insertion pour les victimes et la création de centres d’assistance psychologique et juridique ouverts 24 heures sur 24. Mais le budget sera-t-il à la hauteur ?

Depuis sa loi de 2004 contre les violences de genre, avec la mise en place de tribunaux spéciaux et d’une formation des juges, il y a eu 100 fois plus de bracelets anti-rapprochement distribués qu’en France et l’État espagnol déclare avoir réduit les féminicides de 24 %...

La nécessité d’un mouvement féministe fort

Mais on ne stoppera pas les violences sans en finir avec les situations de vulnérabilité dans lesquelles se trouvent des millions de femmes, en particulier d’origine étrangère : elles sont contraintes de supporter les violences car elles n’ont pas d’alternative en termes de logement ou de travail. Il faut aider chacune à obtenir son indépendance économique, régulariser les sans-papierEs !

La gestion punitive est limitée, car la violence est inhérente au système patriarcal et, de plus, nous sommes contre l’enfermement carcéral. Les comportements qu’on nous a inculqués conduisent les femmes à ne rien dire et les hommes à imposer. Pour lutter contre cette oppression, il faut déjà en prendre conscience, l’analyser en échangeant entre nous les femmes, apprendre ensemble à dire non, à proposer d’autres rapports de séduction et de plaisir. 

Les hommes ne renonceront pas spontanément à être dominants. Pour que les choses changent, on ne pourra pas non plus compter sur la police et la justice. Il faudra l’imposer par un mouvement féministe fort, qui remette en question les bases de la société. Pour construire un autre monde, où chacunE sera émancipéE des normes et pourra s’épanouir, notamment sexuellement.