Le sommet des 20 plus grandes puissances, qui représentent 85 % du PIB mondial, le G20, s’est tenu à Buenos Aires, en Argentine. Macri, champion du libéralisme et ami des marchés, se félicitait, il y a un an, en prenant sa présidence : « Nous allons conduire ce G20 avec les nécessités des gens comme principale préoccupation […], nous allons promouvoir des consensus pour un développement équitable et durable. » Démagogie et mensonges sur un avenir capitaliste radieux…
Onze mois plus tard, l’Argentine est plongée dans le marasme économique et social. Le peso a perdu plus de la moitié de sa valeur ; l’inflation atteint les 50 % et le pays s’installe dans la récession ; les taux d’intérêt, relevés à 60 %, sont les plus hauts du monde. L’Argentine a dû emprunter au FMI 57 milliards de dollars, les mesures d’austérité étranglent la population, le chômage a explosé… Face à la colère, le pouvoir se durcit.
Pour l’ouverture du sommet, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans une ville en état de siège – plus de 20 000 policiers – que le pouvoir paniqué avait voulu vider de ses habitantEs en donnant une journée de congés. Une situation à l’image des tensions économiques et sociales mondiales.
Macron, qui prétend être le champion du multilatéralisme capitaliste contre Trump l’isolationniste, a dû, à peine descendu de son avion, serrer la main à... un gilet jaune. Ironie de la petite histoire à l’égard de l’imposteur qui prétendait sauver l’Europe et le monde… Il a cependant trouvé un moment pour faire la leçon à MBS, Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite, invité à titre d’observateur. Et de déprimer : « Autour de la table du G20, les doutes sont là, les formes d’agressivité ressortent, les fractures reparaissent ». Quelle surprise !
Trump maître du jeu ou… presque
Trump a exercé son bon vouloir, sans autre tact diplomatique. Il a commencé par annuler sa rencontre avec Poutine pour cause de tensions militaires en Ukraine, une heure après avoir estimé que cette dernière serait un « moment très opportun »… Dans les couloirs du G20, il a lui aussi accordé toute son attention à MBS. Peu auparavant, le Sénat US avait engagé une procédure visant à arrêter l’aide militaire à la sale guerre que mène l’Arabie saoudite au Yémen. Qu’importe, MBS est son ami tout autant que celui de Poutine...
Pour clôturer le sommet, alors que la veille du G20, dans un entretien au Wall Street Journal, il s’était dit prêt à relever à 25 % les droits de douane sur 200 milliards de dollars de produits importés de Chine, contre 10 % aujourd’hui, et à taxer 267 milliards de dollars de produits importés supplémentaires, il a fait ami-ami avec Xi Jinping : question de rapport de forces et de dépendances réciproques. Les États-Unis ont annoncé qu’ils renonçaient à ce nouveau volet de taxes et la Chine s’est engagée à augmenter ses achats de produits étatsuniens, notamment agricoles et énergétiques, ainsi qu’à l’ouverture de discussions au sujet, en particulier, du respect de la protection de la propriété intellectuelle, de l’ouverture de son marché intérieur.
Le sommet a pondu une « déclaration des dirigeants du G20 » sur un « consensus pour un développement équitable et durable », des mots creux pour sauver les apparences, même sur la question du climat ou du protectionnisme, ainsi qu’un engagement unanime sur une « réforme de l’Organisation mondiale du commerce [OMC] » dont personne ne sait ce qu’elle pourrait réellement être…
Crise permanente
Le G20, qui s’est réuni pour la première fois il y a dix ans, au lendemain de la crise de 2007-2008, prétendait réguler le capitalisme mondial. Un échec annoncé : le capitalisme financier mondialisé ne peut connaître d’autre régulation que la crise permanente.
Les spéculations boursières et financières se nourrissent d’une exploitation de plus en plus dure des travailleurEs et des peuples au prix d’une régression sociale généralisée. La croissance capitaliste stagne, le commerce mondial aussi. Même le PIB allemand s’est contracté pour la première fois depuis 2015. La santé de l’économie US repose sur une politique de relance forcenée qui laissera l’État sans recours quand la situation se retournera, probablement sous peu.
Les bourses du monde entier connaissent un krach rampant depuis le début de l’année, avec un coup de semonce, « octobre noir », qui a vu 8 000 milliards de dollars partir en fumée.
Pour le G20, pas de panique, il faut rassurer les marchés et le peuple. Jusque-là, tout va bien...
Yvan Lemaitre