Publié le Mercredi 26 novembre 2025 à 14h00.

Gaza : Une résolution de l’ONU scandaleuse et coloniale

La résolution 2803 organise la poursuite du contrôle israélien sur Gaza. Elle entérine une fragmentation coloniale du territoire, s’appuie sur des milices supplétives et prépare la poursuite durable de l’oppression des GazaouiEs. Notre seule réponse doit être la mobilisation pour la justice et la libération.

La résolution 2803 a été adoptée la semaine dernière à l’unanimité, à l’exception de la Russie et de la Chine qui se sont abstenues. Elle est donc censée être appliquée. Il s’agit théoriquement de la mise en musique du plan dit « Trump » en 20 points : ses premiers jalons — retrait de l’armée d’occupation de Gaza, cessez-le-feu, entrée de l’aide humanitaire — devaient être engagés en échange des otages. 

Israël ne respecte aucune des exigences qui lui incombent

Depuis l’annonce du cessez-le-feu, on compte plus de 500 violations et plus de 300 morts. L’aide humanitaire n’entre qu’au compte-gouttes, et de nombreux témoignages concordent pour dire qu’elle est bloquée en Jordanie ou à la frontière égyptienne.

Concernant le retrait des troupes, Israël a instauré deux zones : une « zone rouge », placée sous le contrôle des PalestinienNEs, et une « zone verte » — qui reprend le nom de la zone coloniale installée par l’armée US au centre de Bagdad après l’invasion de 2003 — séparées par une « ligne jaune ». Cette ligne coupe Gaza en deux en s’appuyant sur les corridors nord et sud, rendant — si c’était encore possible — l’enclave plus verrouillée encore. Israël contrôle ainsi Rafah au sud, Beit Hanoun au nord et la quasi-totalité des terres cultivables.

Pire encore, selon le journal israélien Maariv, l’armée israélienne équipe et protège des gangs armés, autorisés à agir de part et d’autre de la ligne jaune. La zone verte leur sert de base arrière, alors même qu’il est interdit aux GazaouiEs de s’en approcher sous peine de mort. Pour le gouvernement israélien, ces clans armés sont de potentielles alternatives pour la gouvernance future de Gaza, en opposition au Hamas. En pillant l’aide destinée à une population affamée, ils ont montré qu’ils ne cherchent en rien à protéger les civilEs et qu’ils n’ont aucun scrupule à servir les intérêts d’Israël. Ce recours à des milices auxiliaires pour réprimer, voire organiser des massacres, sans s’impliquer directement, est une méthode qu’Israël a déjà employée, notamment au Sud-Liban ou lors de Sabra et Chatila. C’est une façon d’opérer dont Israël est familier.

Sans les GazaouiEs, contre les GazaouiEs

Pour le reste de la résolution — la force d’interposition (ISF), la gouvernance de Gaza (« gouvernement technocratique », selon les termes du texte) et la démilitarisation du Hamas —, le chemin est bien moins tracé. Malgré le vote, les États ne se bousculent pas pour envoyer des troupes, et le flou domine pour l’instant. Plusieurs plans provisoires ont bien été avancés par les autorités américaines, mais une chose est sûre : on ne demandera pas son avis au peuple de Gaza. Et il ne sera pas prioritaire, puisque les « efforts » de reconstruction se concentreront d’abord sur la zone verte, tandis que la rouge restera en ruine.

Les PalestinienNEs susceptibles d’habiter cette zone verte devront prouver qu’ils et elles — ainsi que leur famille — n’ont eu aucun lien avec le gouvernement du Hamas au cours des vingt dernières années. Cette exigence va exclure une part très importante de la population, le Hamas administrant toute la bande depuis précisément vingt ans. Elle crée de facto un nouveau bantoustan et ajoute une division supplémentaire à l’apartheid israélien. Il n’y a, enfin, aucune raison de croire les promesses de Trump, d’Israël ou des pays arabes complices. Tout porte à croire, au contraire, que seules celles qui promettent l’enfer aux PalestinienNEs seront tenues.

Face à cette indécence, solidarité et mobilisation

Les grandes lignes de ce plan et de cette résolution sont tout simplement scandaleuses, et faire miroiter un État palestinien à l’issue du processus est simplement une insulte à l’intelligence, à l’humanité et à la décence minimale.

Les PalestinienNEs ne peuvent compter que sur le soutien international, la pression sur les gouvernements complices, les sanctions sur Israël. Tous et toutes le 29 novembre pour défendre ces revendications élémentaires de justice.

Édouard Soulier