Même si les conflits du monde du travail se sont intensifiés cet été au Royaume-Uni, le mouvement ouvrier n’a pas encore gagné face aux patrons. Mais cela pourrait arriver bientôt, si le mouvement tient bon.
Le démantèlement de l’industrie nationalisée et les lois antisyndicales mises en œuvre par l’ancienne Première ministre conservatrice Margaret Thatcher ont rendu difficile la coordination des actions. Il faut donc reconnaître le mérite des syndicats ferroviaires TSSA, qui s’occupe des employéEs de bureau et des superviseurs, et ASLEF, qui représente les conducteurEs de train, qui ont coordonné les actions sur l’exploitation des passagerEs, avec celles du RMT à Network Rail, de sorte que, les jours de grève, le réseau ferroviaire est presque entièrement fermé.
CheminotEs, dockers, postierEs…
La montée du militantisme ouvrier ne se limite pas au rail : les dockers et le personnel de soutien de UNITE ont fermé les ports de Liverpool et de Felixstowe, le syndicat des travailleurEs de la communication (CWU) a des membres en conflit chez Royal Mail, BT et Openreach. Dans la quasi-totalité des conflits mentionnés, les salaires constituent le principal problème, les employeurs proposant des offres inférieures à l’inflation tout en protégeant leurs marges bénéficiaires. La vague de grève pourrait très bientôt atteindre un point de crise pour un gouvernement déjà ébranlé par l’impact sur l’économie de son récent budget bancaire. Un plan de dépenses qui a exigé de la Banque d’Angleterre (BoE) qu’elle intervienne pour stabiliser les marchés monétaires en injectant plus de 65 milliards de livres sterling, sans quoi le secteur des retraites se serait effondré dès le lendemain. En plus des 65 milliards de livres dépensés par la BoE, le budget présenté par le nouveau chancelier Kwasi Kwarteng coûterait également au contribuable 75 milliards de livres supplémentaires, car il distribue de l’argent aux riches, ressuscitant l’orthodoxie néolibérale de l’économie de ruissellement.
Nous sommes en guerre aujourd’hui. Une guerre de classe, avec au gouvernement des individus qui adhèrent à l’idéologie du marché libre, influencés par des think tanks extrémistes et qui veulent affaiblir encore plus un État déjà ébranlé par les conséquences des politiques d’austérité antérieures du gouvernement.
Tout pour les grandes entreprises et les riches ?
Nous connaîtrons bientôt les résultats du vote des enseignantEs du syndicat de l’éducation nationale (NEU), qui sera suivi de près par celui du Royal College of Nurses (RCN, infirmières) qui, s’il vote en faveur d’une action, en Angleterre, constituerait une première. Les enjeux sont si importants que les travailleurEs qui ne se mobilisent pas n’auront probablement pas le choix. Manger ou chauffer leur maison, tel sera le choix de beaucoup dans les mois à venir. Ils ont déjà vu quelles sont les priorités de ce gouvernement, à savoir les grandes entreprises et les riches. Un gouvernement qui se vante d’avoir introduit une législation pour restreindre les factures d’énergie, mais qui ne la paiera pas avec une taxe exceptionnelle sur les profits scandaleux du secteur de l’énergie, mais qui fera peser sur les générations futures une facture de 100 milliards de livres sterling, qui pourrait même atteindre 250 milliards de livres sterling.
Il ne doit y avoir aucun accord négocié qui ne réponde pas aux demandes initiales des syndicats. Toute autre solution serait une erreur. Il suffit de se rendre sur un piquet un jour de grève pour observer la confiance de la classe dans la lutte, qui faisait défaut depuis des années. Un accord qui permettrait au gouvernement de crier victoire pourrait ramener le mouvement des années en arrière, si ce n’est pour toujours, surtout s’il ne peut ensuite se lever pour combattre une nouvelle législation antisyndicale conçue par les fanatiques du marché libre. Cette fois, les travailleurEs unis ne seront pas vaincus.
Traduction J.S.