Les infirmières prévoient de faire suivre leur rejet de l’offre salariale dérisoire des conservateurs par une grève percutante de 48 heures et un nouveau scrutin de grève à l’échelle de l’Angleterre. Les membres du syndicat RCN débrayeront à partir de 20 heures le dimanche 30 avril jusqu’à 20 heures le mardi 2 mai.
Dans le cadre d’une escalade majeure par rapport aux grèves précédentes, le syndicat déclare que cette fois-ci il n’y aura « aucune dérogation » — ce qui signifie qu’aucun membre du personnel ou service ne sera exempté — et que la grève durera toute la nuit. La secrétaire générale Pat Cullen a également déclaré que le syndicat allait « agir immédiatement » pour organiser un scrutin auprès de ses membres dans toute l’Angleterre en vue d’une grève nationale. Cela signifie que des milliers d’infirmières qui n’ont pas encore participé à la grève pourraient s’y joindre.
Ne pas lever le pied
Les mesures audacieuses de Mme Cullen visent à reprendre l’initiative après qu’une majorité de membres du RCN a choisi de défier les dirigeants syndicaux et de rejeter l’accord salarial. Mais son plan présente des faiblesses. Elle affirme qu’une nouvelle vague de grève des infirmières pourrait durer jusqu’à Noël et elle a exclu l’idée que le RCN puisse faire grève en même temps que les médecins en formation.
Prévenir le gouvernement que l’action pourrait durer des mois peut effrayer les ministres, mais quel message cela envoie-t-il aux infirmières faiblement rémunérées qui se préparent à voter pour la grève ? Le syndicat s’attend à ce qu’elles perdent des milliers de livres sterling dans le cadre de la lutte.
Un message beaucoup plus fort aurait été d’annoncer une stratégie de grèves plus longues en coordination avec les médecins en formation. Cela aurait mis la pression sur les conservateurs et aurait probablement produit des résultats bien plus rapidement que six mois. Cela minimiserait également l’impact sur les soins aux patientEs.
Les militantEs des syndicats de la santé ne peuvent plus lever le pied. De nombreux syndicats sont encore en train de voter sur les propositions salariales, et en gagner d’autres pour les rejeter pourrait ouvrir la voie à une grève plus importante. Tout le monde, quel que soit le syndicat, doit commencer à planifier la manière dont il peut soutenir les médecins en formation et aider les infirmières à remporter leur vote de grève.
« Les gens ont donc été politisés par la grève »
Brenda est une représentante syndicale de la RCN sur la côte sud de la Grande-Bretagne. Elle explique pourquoi la vague de grèves salariales a radicalisé de nombreuses infirmières et ce que le syndicat doit faire maintenant. « Nos grèves ont été une véritable démonstration de force collective. L’une des principales choses, c’est qu’on a enfin pu voir des gens qui étaient enfermés dans leurs propres services depuis le Covid. Nous échangions tous des histoires sur les conditions dans lesquelles nous travaillions. Mais surtout, nous avions tous l’impression d’avoir enfin une voix. »
Elle poursuit : « Le RCN est très traditionnel et se considère comme un organisme professionnel. Mais lorsque nous étions en grève, nos membres ont commencé à réaliser ce que signifie être dans un syndicat. Trop souvent, en tant qu’individus, nous sommes coincés dans notre propre monde, essayant de payer nos factures, nous inquiétant du manque de sécurité de notre travail. Mais pendant la grève, les gens ont pu s’exprimer collectivement et la RCN a commencé à agir comme un véritable syndicat. Cela a eu un impact sur nous. Plus encore, nous avons tous pris conscience de l’hypocrisie du gouvernement. »
Et encore : « Les gens ont donc été politisés par la grève, et je ne pense pas que le syndicat ou le gouvernement seront en mesure de remettre ce génie dans la bouteille. »
Version intégrale (en anglais) sur http://socialistworker.c…