Une campagne contre la politique du gouvernement tendant à faire payer la crise à la population, se met en place.Le rapport des Conservateurs sur les dépenses publiques sera dévoilé le 20 octobre prochain. On pourra constater que des coupes budgétaires à hauteur de 25 % représentent un véritable massacre des services publics, des salaires et des conditions de travail, l’anéantissement de ce qui subsiste des acquis syndicaux et de l’État providence. Le gouvernement a déjà annoncé ses cibles : retraites du secteur public, droit de grève, éducation, santé et poste, salaires et primes. La TVA est augmentée et les allocations diminuées. Des conseils dirigés par les conservateurs (Barnet, Suffolk) planifient l’extension des privatisations à l’ensemble des services. Les conséquences seront dramatiques. Sans même prendre en compte les diminutions de salaires et de primes ou l’augmentation de la TVA, les coupes budgétaires représentent une perte de revenu de 4,9 % par personne et même de 11,2 % pour une famille monoparentale. Proportionnellement, les femmes seront les plus touchées par ces coupes. Selon une étude de la Chambre des Communes, elles supporteront les trois quarts du fardeau… Le déficit massif des banques en 2008, qui a été garanti sur les fonds publics, s’est maintenant transformé en déficit public qu’on nous demande de payer ! Ce qui était « leur crise » devient maintenant « notre crise ». Le gouvernement conservateur et libéral-démocrate utilise la profondeur de la crise pour faire peur aux gens et les persuader qu’il n’y a aucune alternative aux coupes massives et immédiates, sinon l’effondrement de la société. Une prise de conscience est en train d’émerger. Le nombre et la taille des réunions publiques contre les coupes budgétaires augmentent. Il y a eu des grèves dans le métro de Londres, chez Astra Zeneca et Coca-Cola, ainsi qu’une manifestation massive des pompiers. L’absence, depuis les élections, de toute opposition aux coupes budgétaires venant du New Labour ou de la Confédération des syndicats (TUC), explique que, jusqu’à maintenant, le niveau des résistances est demeuré assez faible. De fait, l’exécutif du TUC souscrit à cette logique lorsqu’il affirme que « le déficit peut et doit être réduit, mais sur une période plus longue ». Il a même invité le Premier ministre conservateur, David Cameron, à s’adresser au congrès des syndicats. Mais ce congrès venait juste de décider une campagne vigoureuse contre les coupes budgétaires et de coordonner les grèves aux niveaux local et national. Cela constitue un encouragement aux fédérations pour des campagnes locales et va donner confiance à la base pour préparer des actions grévistes. L’ampleur même de la crise signifie qu’il faut des solutions radicales : les nationalisations en réponses aux fermetures d’entreprises et aux licenciements, la mise sous contrôle démocratique des banques, la limitation des revenus des riches, la création d’un million d’emplois écologiques pour combattre la crise climatique. Nous avons besoin d’une campagne unitaire, sur des bases larges, comme celle menée contre la Poll Tax en 1990, ou comme la Coalition contre la guerre. Les grèves et les manifestations françaises ou grecques doivent également nous servir de référence. La nouvelle coalition – « Résistance contre les coupes » – a rassemblé une vaste palette de personnalités des syndicats, des associations et de la gauche, comme Tony Benn ou Ken Loach. Son objectif est de fonder une coordination nationale et démocratique pour les groupes locaux et non de devenir un concurrent aux organisations déjà existantes. Des échéances importantes sont fixées. La campagne « Droit au travail » appelle à une manifestation au moment de la Conférence du Parti conservateur, le 3 octobre. Des manifestations sont prévues le 20 octobre, lors de la publication du rapport sur les dépenses publiques. La conférence nationale de la coalition « Résistance », le 27 novembre, sera l’occasion de planifier la montée en puissance de la campagne. L’année prochaine, le TUC organise une manifestation nationale le 26 mars. C’est une échéance très lointaine, mais, dès maintenant, dans tous les quartiers et les lieux de travail, il faut porter le message : nous ne paierons pas cette crise, rejoignez tous la résistance contre les coupes budgétaires et les privatisations. Fred Leplat (traduction françois Coustal)