Sombre soirée électorale grecque : aux élections européennes, régionales et municipales, la droite obtient une nette victoire, l’extrême droite se maintient, et la gauche réformiste et radicale subit une lourde défaite. Battu aux trois élections, Tsipras veut avancer à fin juin les élections législatives prévues pour l’automne.
La victoire de la droite est nette aux 3 élections : aux européennes, elle passe de 22,7 % en 2014 à 33,2 %, devançant Syriza de 9,4 points, alors que certains sondages récents voyaient un faible écart avec Tsipras. Aux régionales, elle est en tête partout sauf en Crète et l’emporte dès le 1er tour dans plusieurs régions du nord. Aux municipales, il est trop tôt pour bien déchiffrer les résultats mais, déjà, la droite emporte des villes comme Volos ou Glyfada, on a un second tour entre listes de droite au Pirée et à Thessalonique. Cette droite victorieuse est dangereuse : nationaliste (avec à sa direction des ex-fachos), népotiste (son chef, peu compétent, est le fils de l’ex Premier ministre Mitsotakis, et le candidat en tête pour la mairie d’Athènes est son neveu), libérale à la chilienne (volonté de facs privées, d’instaurer le travail le dimanche…), et même gangstériste (maire de Volos ; armateur piréote propriétaire de nombreux médias et sponsor de la droite).En outre, le danger nazi n’est pas du tout écarté : Aube dorée fait certes 4,8 % aux européennes (9,4 % en 2014), mais un de ses clones, sans troupe de SA mais vendeur de racisme sur des télés privées, fait 4,1 %. Et à Athènes, elle fait encore 10,5 % (16,2 % en 2014).
Défaite de toute la gaucheBien sûr, Syriza paie très cher la désillusion des jeunes et des travailleurEs qui avaient cru en 2015 qu’ils pourraient avec ce gouvernement vaincre l’Europe du capital et ses mémorandums : 1 million de voix en moins depuis janvier 2015, mais avec une moindre participation. Les récentes mesures prises par Syriza, devenu ouvertement social- démocrate, sont certes un petit soulagement, mais elles ne font pas oublier que la bataille de fond n’a pas été menée, et clairement abandonnée malgré la victoire du référendum de 2015. Aux régionales, sauf dans quelques cas, ce n’est certes pas un effondrement, et Syriza reste de très loin le second parti aux européennes (23,8 %, 26,5 % en 2014), mais perd presque partout. Pour les municipales, l’intitulé très divers des listes ne permet pas en cet instant d’avoir une idée précise, mais on voit par exemple Syriza passer à Patras de 15,4 % en 2014 à 6,7 %, à Volos de 24,2 % (avec des écolos) à 12,4 %…À gauche de Syriza ce n’est guère mieux, et le discours sectaire du KKE n’a pas payé : 5,6 % aux européennes (6,1 % en 2014), il enregistre souvent des pertes aux municipales et aux régionales. Le rassemblement anticapitaliste Antarsya ne fait pas mieux et, pire, s’est ouvertement divisé, avec deux listes à Athènes, dans les banlieues de Kallithea et Zografou, fruit d’une division durable et de sectarisme, mélange de gauchisme et d’opportunisme. Ajoutons Unité populaire (0,58 % aux européennes, contre 0,7 % pour Antarsya), parfois unitaire (2 % à Kallithea, 2,45 % à Zografou), souvent sectaire (1,9 % à Nea Smyrni, alors que la liste enracinée et soutenue par Antarsya fait 4,1 %).L’enjeu à gauche pourrait sembler clair : dans le contexte grec, il faut faire barrage à la droite, et cela dès maintenant, et cela sans cautionner pour autant la politique de Syriza. Il reste un mois pour construire des mobilisations unitaires qui mettent en avant des perspectives populaires crédibles et relancent le mouvement à gauche toute…À Athènes, A. Sartzekis