Nouvelle étape dans la mise à mort de la Grèce par le quartet (Commission européenne, Banque centrale, Mécanisme européen de stabilité et FMI) : depuis plusieurs mois, doit s’achever « l’évaluation » des mesures prises par le gouvernement Tsipras pour satisfaire les créanciers...
Et bien sûr, cette évaluation d’un État privé de toute autonomie par ses affameurs s’accompagne d’exigences nouvelles, contrairement à ce que veut faire croire Tsipras, séparant chez les créanciers les méchants – avant tout Schaüble – et les bons – comme Moscovici avec qui il vient de plaider pour une « alliance de la logique »...
Le FMI a rejoint ces derniers temps les « méchants », puisqu’il exige de la Grèce des mesures plus drastiques que celles voulues par l’Union européenne qui souligne un certain progrès de l’économie grecque. Ces mesures ? Entre autres indécences : faciliter les licenciements, abaisser le seuil non imposable à 5 000 euros annuels au lieu de 8 600 actuels, baisser encore les pensions... ainsi que la fiscalité sur les entreprises !
Et sur tout cela, le gouvernement, englué dans ses accords avec le quartet, ose négocier, faisant croire qu’il n’y aura pas de nouvelles mesures, ce que dément le « réaliste » vice-Premier ministre Dragasakis ! Tsipras voudrait quelques aménagements pour faire passer le paquet : baisser de 1 % la TVA de 13 % (portant sur de nombreuses dépenses quotidiennes) ; une petite baisse sur l’Enfia, la taxe sur les habitations qui étrangle des millions de petits propriétaires ; et une procédure ni laxiste ni rigoureuse pour que les 3,3 millions d’imposables devant plus de 2 000 euros au fisc puissent s’en acquitter...
La messe est dite ?
La réalité, la ministre du Travail Efi Ahtsioglou la décrit en partie dans une interview au Financial Times : en Grèce, la pension annuelle moyenne pour les plus de 65 ans est de 9 000 euros (20 000 dans l’eurozone), et 43 % des retraités touchent moins de 660 euros par mois. Si on ajoute l’exode massif de cadres moyens et supérieurs et le non-paiement des salaires dans bien des entreprises, on comprend que l’heure ne devrait vraiment pas être à négocier des « concessions réciproques »...
Mais le légalisme de Syriza est sans fin : « Le gouvernement a prouvé qu’il a pour objectif de respecter l’accord » avec les créanciers, déclare le vice-ministre de l’Économie, tout en admettant qu’il faudrait qu’il soit « socialement viable ». La messe est dite ? Du côté de Syriza, oui, même si Tsipras craint une grogne du côté des députés. D’où une orientation de plus en plus tournée vers les sociaux-libéraux européens, qualifiés de sociaux-démocrates, et des appels du pied au Pasok, officiellement qualifié de pro-troïka... mais que certains, tel l’ancien ministre Filis, appellent à former une « alliance progressiste » contre une droite qualifiée d’antipatriote…
Dans ces conditions, il y a peu de choix : soit sortir sans lui demander son avis la Grèce de l’euro, comme le demande grossièrement l’éditorialiste du Monde Arnaud Leparmentier, qui aurait bien besoin de lire l’histoire de la fondation de l’État grec indépendant et qui chante les louanges de l’affameur Schaüble... Ou alors, il faut peser massivement pour une solution 100 % à gauche, en rupture bien sûr avec la soumission au quartet !
C’est le sens de l’appel d’Antarsya à une action commune du mouvement de masse et à un programme de coopération politique sur la base des axes contre le mémorandum et anticapitalistes. Cela sans oublier un rassemblement des luttes, au côté des syndicats de base, le jeudi 2 mars à Athènes.
D’Athènes, A. Sartzekis