Publié le Jeudi 30 août 2012 à 13h06.

Grèce : des chiffres et des maux

Depuis le début de la crise de 2008 la Grèce a été le laboratoire privilégié de la Troïka (UE-BCE-FMI) pour tester les politiques antisociales et le chantage aux aides dans toute l’Europe. La riposte populaire et salariale a été à la hauteur des enjeux, mais la situation reste dramatique dans le pays.En ce mois de juillet, le gouvernement de « Troïka intérieure » (formé de la droite, du Pasok et de Dimar, scission droitière de Syriza), ne peut plus faire illusion : malgré ses promesses électorales, il n’a aucune rémission à négocier de la troïka du FMI et de l’UE, qui lui ordonnent de privatiser les entreprises publiques et de forcer les rythmes pour supprimer jusqu’en 2015 150 000 fonctionnaires, ce qui revient à 50 000 licenciements minimum. Quant au patronat grec, il renvoie dans les cordes les velléités « gauchistes » du Pasok et de Dimar : pas question de revenir au Smic de 2011, à savoir repasser de 580 à 740 euros ! Si l’on joint les nouveaux chiffres du chômage (1 109 660 en avril, soit 22,5 % de la population active) et les prévisions pour la fin de l’année (28 % selon la GSEE), l’avenir de ce gouvernement si mal élu paraît sombre.Mais bien sûr, tout dépendra du mouvement de masse, toujours handicapé en ce début d’été (après des menaces laissées sans trop de réactions, les flics ont envahi ce 20 juillet l’usine Halivourgia, dont les travailleurs mènent une grève phare depuis plus de 270 jours) et des perspectives politiques. Or, la direction de Syriza se cantonne plutôt à son rôle de principale opposition parlementaire, ce qui débouche sur des occasions ratées. Ainsi, alors que le KKE (PC grec) vient de déposer une proposition de loi contre le mémorandum, la direction du regroupement réformiste/radical fait la fine bouche, trouvant – ce qui n’est pas difficile – des raisons d’hésiter pour une proposition si tardive du KKE. Une vraie opposition de gauche aurait dû bondir illico sur cette occasion de mobilisation unitaire, en affirmant qu’il voterait cette proposition du KKE et en proposant d’ores et déjà des manifs unitaires pour appuyer cette démarche ! On le voit : malgré la bonne surprise des élections législatives, il ne faut pas nourrir d’espoir sur un gouvernement de gauche qui viendrait automatiquement succéder à l’actuel gouvernement. D’ailleurs, les sondages sont parlants : en cas d’élections aujourd’hui, la droite mais aussi Syriza perdent 6 % par rapport au 17 juin, et à la question « de quel parti êtes-vous le plus proche ? », la droite est 7 % en dessous de son score, mais Syriza 10 %. Cette même question montre surtout l’espace que peut en partie occuper aujourd’hui la gauche anticapitaliste, puisque 25 % des sondés se disent éloignés de tout parti, les fascistes divers étant compris dans le sondage. Pour Antarsya, qui vient de tenir une conférence de bilan posant une série de questions de fond, il y a là matière à justifier l’urgence de relancer les grandes luttes unitaires, mais aussi à s’inscrire dans un travail de fond de lutte quotidienne contre la misère qui s’étend chaque jour davantage, comme le montrent les exemples qui suivent, accompagnés d’une chronologie situant la crise et les mobilisations des deux années écoulées dans un cadre plus large.

Tassos Anastassiadis et Andreas Sartzekis, Athènes, le 20 juillet 2012