Après l’assassinat en septembre 2013 du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, la bande de nazis de Chryssi Avgi (Aube dorée) avait été contrainte de faire profil bas. Quatre ans plus tard, les agressions ont repris…
Dans la foulée du meurtre de Pavlos Fyssas et de l’indignation qui s’en était suivie, Aube dorée ne bénéficiait plus de la protection jusqu’alors accordée par le gouvernement de droite et les institutions. Les petites frappes de ce groupe, très courageux pour agresser un immigré à 12 contre 1, ont alors été pour beaucoup épouvantés à l’idée qu’ils pouvaient se retrouver en prison.
Quarante agressions en un an
Mais peu à peu les ratonnades et attaques en tout genre ont repris : l’association antifasciste et antiraciste KEERFA dénombre au moins une quarantaine d’agressions au cours de la dernière année, avec entre autres une tentative d’assassinat contre un étudiant qui passait près du local central des nazis, et des attaques contre deux manifestations antifascistes...
Ces derniers jours, un mois après les belles manifestations d’hommage à Pavlos Fyssas, deux très graves agressions ont été commises à Aspropyrgos, banlieue ouvrière athénienne sinistrée et excentrée. Dans les deux cas, des travailleurs pakistanais isolés ont été gravement blessés par des groupes de six à douze assaillants. Cette fois, les réactions d’indignation ont conduit à ce que la police locale soit obligée d’enquêter sur les agissements d’une mouvance de quelques dizaines de cogneurs : jusqu’alors, si la police les interpellait, il suffisait que les « amis » et les familles interviennent en leur faveur pour que les policiers les relâchent ! Trois jeunes d’origine russe, entre 17 et 18 ans, ont été arrêtés. Officiellement, ils ne seraient pas membres de Chryssi Avgi : air connu, alors que les méthodes sont les mêmes, dans une région où les nazis sont influents, ne serait-ce que pour avoir été financés par des patrons de chantiers navals afin de créer une milice antisyndicale, et pour avoir agressé encore récemment des militants syndicaux du courant KKE (PC grec). Et même si les jeunes fascistes ne sont pas des membres officiels de Chryssi Avgi, le fait est inquiétant et montre l’influence que le groupe continue d’exercer chez des jeunes un peu paumés.
Nazis revendiqués
La bataille contre Chryssi Avgi doit non seulement continuer, mais elle doit s’intensifier pour renvoyer aux poubelles de l’histoire ces tueurs, qui sont de vrais nostalgiques du nazisme, se réclamant ouvertement d’Hitler et allant jusqu’à inviter leurs complices nazis allemands pour commémorer l’anniversaire du Führer dans des cimetières militaires grecs où sont enterrés des soldats allemands.
Une étape importante de ce combat est le procès intenté contre environ 70 membres du groupe, dont on souhaite qu’il se termine par la mise hors d’état de nuire de ces tueurs, qu’il s’agisse des membres « de base » ou de la direction. Les séances du procès au cours des derniers mois ont permis d’entendre des témoignages accablants sur la volonté de pouvoir et les méthodes des nazis grecs. La semaine passée, c’est Dimitris Psarras, auteur du livre le plus documenté sur Aube dorée, qui a décrit l’organisation et l’idéologie hitlérienne du groupe : la défense des nazis a été incapable de contre-argumenter à l’aide de preuves. Face au visage électoral « bons chrétiens » que voudrait afficher le groupe, Psarras a rappelé les discours paganistes de ses chefs, en particulier l’appel à faire comme les anciens Spartiates qui allaient tuer la nuit des esclaves, en assassinant durant la nuit les ennemis de la cité…
Et bien sûr, l’autre aspect essentiel est la mobilisation permanente sur le terrain. Comme le rappelle Petros Konstantinou, coordinateur de KEERFA et conseiller municipal d’Antarsya à Athènes, celle-ci, pour être efficace, doit s’opposer frontalement à Aube dorée et ses sbires, mais aussi mettre en avant les responsabilités du gouvernement Syriza-ANEL et de l’UE dans le développement de la misère et du racisme dont profitent sauvagement les fascistes en Grèce et ailleurs en Europe.
A. Sartzekis (à Athènes)