Après moult hésitations, le Premier ministre Mitsotakis junior a fixé les élections législatives au 21 mai. Même si les sondages donnent son parti, Nouvelle Démocratie (ND), en tête, les résultats sont incertains, tant est grande la colère après quatre ans d’ultra-libéralisme et donc de répression et d’attaques contre les droits.
Même si Mitsotakis contrôle la plupart des médias et verrouille l’appareil d’État, il est inquiet. Dans ce climat, la date et la forme des élections sont un enjeu : celles-ci se feront à la proportionnelle — avec un seuil minimum de 3 % pour avoir des députés — mais, sauf entente pour un gouvernement de coalition, devraient déboucher sur de secondes élections qui se feront, elles, selon une loi ND donnant au premier parti un bonus de 20 à 50 députéEs. Ces secondes élections auraient lieu début juillet : Mitsotakis espère ainsi priver de vote quelque 220 000 jeunes travailleurEs saisonniers partis bosser sur les lieux touristiques. Précisons que les sondages mettent Syriza largement en tête chez les jeunes…
Cette manœuvre électoraliste est l’une des innombrables attaques antidémocratiques et antisociales de ce gouvernement de droite extrême, le pire depuis la junte des colonels pour de nombreux GrecQUEs, à tel point qu’il inquiète même les instances européennes quant à ses méthodes, par exemple avec l’affaire des innombrables écoutes, que Mitsotakis tente d’étouffer. Comme par ailleurs la situation économique n’est guère meilleure pour la population que sous les mémorandums, toutes les raisons sont là pour que cette droite radicalisée tombe dès le 21 mai, d’autant que pendant ces quatre ans, les luttes populaires n’ont jamais cessé. Mais on retrouve ici une condition connue : pour faire tomber la droite, quelle alternative à gauche ? Pour ce premier article avant les élections, nous évoquons les quatre ans de ce gouvernement de combat contre les travailleurEs, les migrantEs et les jeunes.
Un gouvernement à composition fasciste
On a parlé souvent pour ce gouvernement d’un pouvoir à la chilienne, ultra-libéral et ultra-répressif. La comparaison a du vrai : il fallait le cynisme de Mitsotakis pour mettre à des postes clés, quelques années après les meurtres du groupe nazi Aube dorée, des fascistes certes « recyclés ND », mais dont deux avaient été ministres en 2011 (gouvernement ND-PASOK-Laos) sous l’étiquette du groupe fasciste Laos. Dès son élection en 2019, la ND a ainsi cajolé les électeurs des fascistes et, après la condamnation des meurtriers nazis en 2020, elle les a laissé agir en prison, à tel point que l’un des chefs d’Aube dorée a pu présenter des candidats d’un groupe fasciste reconstitué, que les sondages donnent à 3 ou 4 %…
Quant aux ministres fascistes, leur rôle est important dans le gouvernement : l’un est ministre de l’Intérieur et fabrique des mesures afin que « plus jamais la gauche ne revienne au pouvoir » (ses propres propos) ; l’autre est au Développement et pèse de tout son poids pour la privatisation à tout-va ; le troisième est à la Santé où il systématise la casse de l’hôpital public au profit du privé : dans la plupart des hôpitaux de la région athénienne, 50 % des lits post-opératoires ne fonctionnent pas faute de personnel…
Mais ne nous y trompons pas : les ministres de la droite d’origine « classique » n’ont rien à envier aux ministres d’extrême droite. Que ce soit à l’Éducation, avec la police universitaire et les cadeaux à l’école privée, au Travail, avec une loi anti-syndicale et cassant la journée de huit heures pour offrir au patronat des heures sup gratuites, à la Culture avec une conception Disneyland des sites et musées ou des attaques contre les droits des artistes… Mais aussi une politique migratoire meurtrière et un ministre niant contre l’évidence que les réfugiéEs sont souvent repoussés vers le large. Miser sur le racisme a été et reste un axe prioritaire de Mitsotakis : sa campagne électorale a commencé devant le mur en construction entre la Grèce et la Turquie, pour bien donner le ton.
À Athènes