Les élections de ce dimanche 20 septembre se préparent dans une certaine indifférence (née des désillusions dues aux retournements de Syriza), mais aussi sur fond de recompositions diverses dont on ne peut deviner pour l’instant la suite...
Le paradoxe, c’est que l’on discute partout politique, et l’enjeu est bien de montrer que le vrai « réalisme », c’est d’aller à la rupture avec la logique des mémorandums sur la base du Non de juin, ce que bien peu de courants évoquent dans leur campagne électorale !
Quel gouvernement dimanche soir ?
C’est pour les médias le leitmotiv du scrutin. Alors que la pression d’un vote anti-droite semble redonner un peu d’avance à Syriza dans les sondages, une campagne issue des milieux économiques, et peut-être des instances européennes, presse pour un gouvernement « œcuménique », comme la Grèce en a déjà connu... pour le plus grand malheur de la population. Du coup, la droite joue sur deux tableaux : un discours ouvert aux thèses racistes des nazis, et l’assurance qu’elle pourrait gouverner avec Syriza pour mieux faire appliquer le mémorandum !
La direction de Syriza proteste contre cette éventualité, mais elle voit qu’elle a peu de chances d’avoir la majorité absolue en sièges et qu’Anel, le parti de droite extrême avec qui Syriza a gouverné (d’où l’accord militaire avec Israël), est en chute. Elle évoque désormais la possibilité de gouverner avec le Pasok, complice et acteur de toutes les attaques anti-populaires depuis 2010 ! Ce recentrage assumé amène aussi certains cadres ex-Pasok à se rapprocher de Syriza sur une base ouvertement social-libérale, d’où l’insistance de courants un peu gauche restant dans Syriza (courant wx-AKOA) pour mener la bataille pour une majorité absolue à Syriza. Question : que feront ces militantEs et surtout les électeurEs qui voteront « à gauche » pour Syriza dans le cas quasi évident d’alliances avec le Pasok ou le encore plus libéral Potami ?
À gauche, ça fluctue
Ces derniers jours, on est bien loin d’il y a un mois, quand les premiers sondages donnaient Unité populaire comme troisième force (autour de 8 %). Aujourd’hui, les sondages tournent autour de 3 %, le seuil pour entrer au Parlement. Lafazanis a beau mettre en cause les instituts au service des partis dominants (certes les sondages en Grèce sont peu fiables), la campagne montre clairement qu’il n’y a pas pour le moment d’élan populaire vers la scission de gauche de Syriza. Au delà du malaise vis-à-vis d’ex-ministres Syriza ayant géré leur fauteuil, l’objectif fixé ne fait pas rêver : « que Unité populaire devienne une force post-électorale décisive pour lancer un grand combat populaire et patriotique qui nous amènera rapidement au pouvoir » (Lafazanis à Salonique) ! Il n’est pas certain que cet axe réponde aux valeurs internationalistes de certains courants au sein de Unité populaire... De plus, si celui-ci a finalement désigné le vétéran antinazi Manólis Glézos, tête de liste nationale, Glézos appelle à voter Unité populaire... ou KKE !
Le regroupement anticapitaliste Antarsya, même s’il a peu de chances d’avoir des éluEs, mène, en coopération avec le groupe trotskiste EEK, une campagne dynamique s’appuyant sur les mobilisations (manifs antifascistes, accueil des réfugiéEs), et même si on peut et doit discuter de sa défense de la sortie de l’Union européenne et de la zone euro, c’est le seul courant qui appelle clairement à la rupture anticapitaliste, le KKE (PC grec) défendant lui l’instauration du socialisme !
À quelques jours du vote, il manque toujours un appel central pour l’unité dans les luttes qui ne manqueront pas de surgir contre le mémorandum, la dette, les nazis... C’est pourtant le véritable enjeu de ces élections !
D’Athènes, A. Sartzekis