Quelques mois seulement après les élections du 20 septembre 2015, Tsipras alors «triomphant » s’était tourné vers les partis vaincus pour demander leur aide, montrant ainsi sa difficulté de gérer une crise sociale et politique aiguë...
Quelques mois plus tard, ce vendredi 4 mars, Alexis Tsipras a solennellement convoqué le « Conseil des chefs politiques », les dirigeants des partis parlementaires. Officiellement, l’agenda était la crise des réfugiéEs. En réalité, tout le monde sait que l’objet de la discussion était l’organisation d’un élargissement de la base parlementaire du gouvernement Syriza-Anel, peut-être vers un gouvernement d’unité nationale (avec le principal parti de droite Nouvelle Démocratie). En effet, le gouvernement s’épuise à un rythme accéléré et se trouve face à un double problème : les difficultés de l’application du 3e Mémorandum et la crise des réfugiéEs.
Le premier test qui attendait Tsipras après la mutation de Syriza et la signature de l’accord honteux de 13 juillet avec les prêteurs et les eurodirections, était son obligation d’appliquer une contre-réforme sauvage du système de sécurité sociale. Mise en avant par le ministre de Travail Katrougkalos, elle aurait comme résultat la désintégration du système public de Sécurité sociale et l’entrée massive des entreprises privées dans le secteur des retraites et des soins. Ces projets ont provoqué de grandes mobilisations des agriculteurs et des professions indépendantes, premières victimes de la contre-réforme. Le gouvernement a essayé d’éviter les mobilisations des ouvriers (après le succès de la grève générale du 4 février), en faisant la promesse que les retraites des salariés ne seront pas touchées. Tout le monde sait que cette promesse est fausse...
Un gouvernement qui recule sur tous les fronts
Pour le moment, nous sommes dans une phase de suspension des mobilisations. Les directions des agriculteurs et des indépendants ont reculé après les promesses de Tsipras d’organiser un « dialogue ». Mais le gouvernement qui doit présenter la loi sur la Sécurité sociale fin mars - début avril, va devoir faire face à une nouvelle mobilisation générale.
Un gouvernement qui bat en retraite sur les questions économiques recule aussi sur tous les fronts, dont celui du racisme : les réfugiéEs continuent à se noyer en mer Égée, et ceux qui passent sont « hébergés » dans des conditions misérables, devenues encore pires après la décision des pays des Balkans de fermer le « couloir Balkan » vers l’Union européenne. Tsipras a aussi demandé à l’Otan que sa flotte militaire assume la mission de « repousser » les réfugiéEs vers la Turquie, relançant l’antagonisme entre la Turquie et la Grèce pour le leadership de la région. Aujourd’hui, l’antiracisme est donc étroitement lié à la lutte anti-impérialiste et antiguerre.
Le gouvernement de Tsipras ne peut pas gérer la combinaison de ces problèmes, et une nouvelle crise politique profonde s’ouvre. Unité Populaire (UP) a été battue dans les élections du 20 septembre mais conserve un grand nombre de militantEs ayant l’expérience de l’organisation des luttes. DEA milite en son sein. En vue de la conférence fondatrice de UP (probablement en mai), nous menons ouvertement la bataille pour une politique véritablement radicale de la gauche anticapitaliste, mais aussi pour la Constitution démocratique et l’élargissement de UP. Le Red Network que nous co-animons organise des discussions partout dans le pays, où nous défendons la nécessité de rassembler toute la gauche anti- capitaliste, d’Antarsya jusqu’aux groupes radicaux qui ont quitté Syriza mais ne participent pas à UP. Nous discutons d’un programme transitoire nécessaire pour faire face à l’UE, et défendre la nécessité d’une perspective socialiste.
Mais nous avons conscience que nous n’avons pas le luxe du temps : les événements s’accélèrent, vers une grande crise sociale et politique !
D’Athènes, Antonis Ntavanellos (DEA / Unité populaire)