Alors que la rentrée universitaire a lieu en ce moment, une impressionnante mobilisation étudiante s’est déroulée en septembre, avant tout à Athènes et Salonique, mais avec un écho national favorisant la suite du mouvement.
Les raisons de la mobilisation : la mise en route d’un projet reflétant le caractère policier du gouvernement ultra-libéral de Mitsotakis, à savoir la création d’un corps de police affecté aux facs, avec tourniquets aux entrées et caméras de surveillance. Tout cela agrémenté de réformes des instances administratives, avec renforcement du pouvoir des chefs. Et comme raison de fond, dans un pays où les luttes ont permis de garder à l’université un caractère relativement démocratique, le projet d’adapter la fac aux stricts besoins des entreprises et de permettre le développement des facs privées, jusque-là interdites par la Constitution, tout en réduisant autoritairement le nombre d’étudiantEs dans le public, ce qui a commencé depuis un an. N’ayant jamais étudié dans une fac grecque mais connaissant la résistance populaire aux plans de casse, Mitsotakis et sa fine équipe (une ministre de l’Éducation nationale réac ultra-orthodoxe, un ministre du Supérieur qui nie la révolte anti-fasciste des étudiants de Polytechnique en 1973, un ministre de la Police voulant faire oublier qu’il a milité au KKE, le PC grec, etc.) ont donc décidé de commencer par la répression, les premiers groupes de la nouvelle police se présentant (de nuit) dans les facs début septembre.
Une répression sauvage
Mais ces nouveaux venus n’étaient pas seuls : d’un côté, ils étaient accompagnés par les MAT (CRS grecs). Et surtout, de l’autre, les étudiantEs se sont immédiatement mobilisés : plusieurs centaines en pleine nuit à Salonique, et plus encore en plein jour, bloquant les entrées des facs de Salonique et Athènes, et relayant dans les rues leur refus d’une université de la terreur, avec d’impressionnantes manifs dans les deux villes, notamment à Salonique où la complicité du doyen avec les forces de répression a conduit à exiger sa démission.
Furieux, le pouvoir a déchaîné sa police contre la jeunesse étudiante : le 16 septembre, elle chargeait un concert de solidarité à la fac de Salonique (une « action de résistance à l’occupation du territoire », selon un étudiant organisateur), auquel participaient 5 000 personnes, dont des enfants, et il s’en est fallu de peu qu’on ait des morts devant une telle sauvagerie. Même scénario contre une grosse manif à Athènes. Résultats : le lendemain, les manifs étaient encore plus grosses, et des sondages montraient le soutien massif de la jeunesse à ces mobilisations.
Alors, après plusieurs autres charges et provocations et le risque évident d’une mobilisation encore plus forte, le pouvoir a mis la pédale douce ces deux dernières semaines, sa police « universitaire » se faisant quasiment invisible. Victoire donc pour le mouvement étudiant et son organisation en AG, mais victoire que, comme le disent beaucoup à gauche, on sait provisoire : d’une part le gouvernement explique ce « répit » par le manque d’équipements (caméras, tourniquets) indispensable à ses facs prisons ; d’autre part, comme ce gouvernement n’a pas d’autre cap que les privatisations, les cadeaux aux copains (comme on l’a vu avec l’enseignement à distance), il est évident qu’il va repartir à l’agression contre l’université publique et ses usagerEs.
Face à cette perspective, le mouvement devra veiller à s’auto-organiser pour obtenir la victoire : le retrait de la loi universitaire, avec sa dimension policière unique en Europe. Dimension s’expliquant par un autre élément : en juin 2023 au plus tard auront lieu les élections et la seule ligne politique actuellement possible pour Mitsotakis est de s’aligner davantage encore sur l’extrême droite, avec clins d’œil aux électeurs du groupe nazi interdit Chryssi Avgi. Une raison de plus pour soutenir le mouvement étudiant en cours !
À Athènes