Il y a quatre ans, la grande grève historique avait durant 44 jours, de janvier à mars 2009, paralysée cette vieille colonie de la France. Une grève massive qui avait mise en branle des travailleurs, des jeunes, des femmes, des petits artisans, des chômeurs , des paysans contre toute forme d’exploitation (pwofitasyon) et d’oppression autour d’un cahier de 146 revendications.
De nouveau, neuf organisations ouvrières (ugtg-cgtg-cftc-fo-unsa-fsu-speg-sud pttgwa-solidaires finances) avaient appelé à une mobilisation le jeudi 5 décembre 2013. Succès de cette mobilisation : 5000 à 6000 travailleurs ont défilé dans les rues de Pointe à Pitre, en demandant le respect du protocole d’accord signé le 4 mars 2009, contre les centaines de licenciements, contre la répression syndicale... Le jour même, deux militants de la CGTG devaient passer devant les juges pour propos diffamatoires pour avoir écrit dans un tract que la fortune d’un béké – propriétaire d’un centre commercial – trouvait son fondement dans la traite négriére. Face à cette mobilisation, le pouvoir colonial a préféré reculer et a renvoyé le procès de ces camarades au 10 Janvier 2014.
Sortir du cercle infernal
Succès donc de cet appel à une journée d’action et de mobilisation, d’autant qu’il y a eu une campagne de certains journalistes aux ordres, d’organisations patronales, et d’un dirigeant de la CTU pour dénoncer cet appel à la grève. Qu’importe, les travailleurs, les jeunes, les petits artisans et paysans, savent que pour sortir du cercle infernal des licenciements, de la cherté de la vie, de la violence patronale, de l’injustice sociale, des emplois précaires, il faut emprunter la voie de la lutte, de ne pas écouter les sirènes de la désespérance, du renoncement et de la division.
Ce 5 décembre 2013 n’était qu’un premier pas important pour mettre toutes celles et ceux qui souffrent, toutes celles et ceux qui sont victimes de l’exploitation capitaliste et de l’oppression coloniale sur le chemin de l’espoir... et de la lutte.
Dèmen ké pli bel pou zanfan péyi la (« demain sera plus beau pour les enfants de la Guadeloupe ») !
De Guadeloupe, Jean-Michel Palin