Publié le Samedi 13 février 2010 à 12h19.

Guadeloupe – Un an de lutte anticoloniale et toujours la même répression antisyndicale

Si le 20 janvier 2009, est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire mondiale par l’arrivée d’un Black Président aux States, dans la karayib, le peuple d’un petit pays appelé Guadeloupe, a jeté, lui, un pavé sur la botte du colonialisme. Pendant 44 jours, c’est un peuple qui affirme sa dignité face à l’impérialisme français. Au sein du Lyannaj Kont Pwofitasyon, associations, syndicats, partis politiques – à l’exception notable du PS local – vont (im)poser les conditions des accords Bino. Ceux-ci stipulaient 146 propositions visant à assurer l’égalité entre la Guadeloupe et la France hexagonale. Les Guadeloupéens nous démontraient ainsi que l’ordre colonial n’est pas immuable.

Mais un an après, nous constatons que ces accords ne sont pas respectés. D’une part, les salaires n’ont toujours pas été augmentés mais surtout la baisse des prix sur les denrées de première nécessité, a été détournée par une rupture de stock organisée par les grandes chaines de magasins aux mains des békés. C’est ainsi que le consommateur guadeloupéen est contraint de se rabattre sur les produits imposés. Ni vu, ni connu, du moins le fait-on croire, l’exploitation continue. Il y a une volonté manifeste de l’Etat colonial et du patronat revanchard de sanctionner les travailleurs éligibles aux accords salariaux Jacques Bino. Autre exemple, le prix de l’essence vient encore d’augmenter, malgré que le pétrole provienne du Venezuela, pays voisin. L’Etat français, avec la complicité des compagnies pétrolières, en profite pour organiser le démantèlement du secteur. C’est d’ailleurs le prétexte de la grève générale de 2009 qui est invoqué par le patronat local pour licencier sec des centaines de Guadeloupéens. Man Colette Koury, présidente de la CCI, donc véritable maitresse fouettarde de Guadeloupe, donne l’exemple en exerçant une répression syndicale envers Patricia Chatenay-Rivauchey de l’UNSA.

Sarkozy pensait pouvoir briser le mouvement en lançant les Etats Généraux de l’Outremer, organisés en totale complicité de l’ordre Béké, et de ses valets Panchard (1), Lurel (2), Karam (3), l’autoproclamé représentant des DOM-TOM auprès de Sa Majesté. C’était mal connaître la ténacité du peuple guadeloupéen. Les seuls états généraux qui vaillent, se sont déroulés dans les rues de Basse-Terre à Pointe-à-Pitre, lors des négociations entre le LKP et les représentants politiques et patronaux, et non dans les salons feutrés de la Case à Man Michaud et Papa Lurel. C’est ce qu’on voulu exprimé les 25.000 manifestants le 09 Janvier dernier à Pointe-à-Pitre. Même s’il ne s’agit pas, pour l’instant d’une grève générale, il est impératif de maintenir la pression sociale face à un gouvernement impérialiste et à ses représentant locaux sourds comme un kanary. D’autant plus qu’à l’instar des Guyanais et des Martiniquais, les Guadeloupéens seront amenés à se prononcer sur le maintien de leur statut au sein ou non de la République Française.

Mariam Seri-Sidibe

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(1) Marie-Luce Panchard, actuelle secrétaire d’Etat aux DOM-TOM, fille de Man Michaud Chevry (ex-présidente du Conseil régional de Guadeloupe, actuelle sénatrice, et souvent mise en examen judiciaire)

(2) Victorin Lurel (Président du Conseil régional de Guadeloupe, actuel responsable DOM-TOM au PS, et éventuel futur secrétaire d’Etat auprès de Sa Majesté Sarkozy 1er),

(3) Patrick Karam, turbulent président du virtuel Collectif DOM-TOM, expert en Identité Nationale auprès de Sa Majesté Sarkozy 1er. Surnommé Zebulon, du fait de son inconsistance, mais également représentant de l’Ordre Beké.