Le roi Juan Carlos Ier a donc abdiqué au profit de son fils, Felipe VI, « né pour régner » ! Descendant direct de Louis XIV, choisi par Franco, Juan Carlos devient à la mort de ce dernier celui qui va enterrer la dictature, instituant sous la houlette de la monarchie une forme de démocratie libérale qui reconnaît les partis et nomme un chef de gouvernement qui organise les élections. Contrairement à l’image de père bienveillant du peuple qu’il cultive, le roi et les différents gouvernements réalisent la transition démocratique au service des intérêts d’une classe qui rêve, comme toutes les bourgeoisies européennes, d’augmenter ses profits, quelque soit le prix à payer pour la grande majorité des Espagnols.
Après 38 ans de règne, cette monarchie usée, discréditée par les scandales financiers, la corruption, les mensonges, l’étalage de richesses, ne fait plus rêver et apparaît de plus en plus pour ce qu’elle est : parasitaire et illégitime. Elle est rejetée par ceux et celles qui paient chèrement la crise du système, accablés par les politiques d’austérité : blocage des salaires, fermeture de services publics, expulsions des logements, chômage de masse qui touche un jeune sur deux... Et le ravalement de façade que représente le nouveau monarque n’y changera rien.
Après les énormes manifestations, notamment « les marches de la dignité » en mars, la défaite des partis de gouvernements aux élections européennes, le PP de droite et le PSOE de « gauche », est sans appel : ils ont perdu ensemble plus de 5 millions de voix. Effectuant une percée remarquable dans ces élections, « Podemos » apparaît comme la traduction politique du mouvement 15M des Indignés : un débouché politique pour les mouvements sociaux dans lequel les révolutionnaires prennent toute leur place.
Dès l’annonce de l’abdication du monarque, des milliers de manifestantEs se sont précipités dans les rues. Ils exigent la fin de la monarchie et du bipartisme, et revendiquent un processus constituant qui donne enfin naissance à une République sociale au service de toutes et tous, une République sociale qui mettent en œuvre, sous le contrôle et avec les comités de base, les revendications portées par les mouvements sociaux espagnols. Nous saluons ces manifestations, et nous aussi, comme en Espagne : « Podemos » !
Roseline Vachetta