Si les relations qu’entretient Israël avec l’Afrique sont ténues, elles sont surtout toxiques : basées sur la vente d’armes, de matériel d’espionnage et la corruption autour des diamants.
Lors de l’ouverture de la 36e session de l’Union africaine, des membres de la sécurité s’approchent d’une femme et lui demandent de partir. Malgré ses protestations Sharon Bar-li, diplomate israélienne, est escortée jusqu’à la sortie de l’hémicycle. Un incident diplomatique symptomatique des relations difficiles entre pays africains et l’État hébreu.
Relations distanciées
Dans les années 1960, Israël a bénéficié de la reconnaissance d’une grande partie des pays africains. Ces relations diplomatiques sont rompues après la guerre de Kippour en 1973. Elles reprennent au cours des années 1990. Cependant, quelques pays africains affichent une grande proximité avec l’État hébreu. C’est le cas du Kenya, de l’Ouganda ou du Rwanda. Pour ce dernier, le génocide des Tutsis peut apparaître comme un élément déterminant. Pourtant, Israël est accusé d’avoir vendu des armes pendant le génocide. La Cour suprême refuse de déclassifier les documents liés à cette affaire.
Israël a bénéficié de bonnes relations avec le Nigeria lors la période du gouvernement de Jonathan Goodluck (2010-2015), profitant de ses convictions pentecôtistes qui voient en Israël la terre promise. Le Soudan pour se rapprocher des USA a dû reconnaitre l’État hébreu et signer la déclaration des Accords d’Abraham qu’a paraphée également le Maroc. A contrario, des pays comme l’Algérie et l’Afrique du Sud restent des opposants à Israël, motivé pour ce dernier par la politique d’apartheid menée vis-à-vis des populations arabes.
La plupart des pays du continent adoptent une position réservée sur le conflit. En revanche, la rue africaine est plus solidaire de la cause palestinienne. Elle se montre également critique du double discours occidental qui, à juste titre, condamne la politique criminelle de Poutine en Ukraine mais défend les massacres de Nétanyahou à Gaza.
Technologie sécuritaire
Si Israël a une expertise agricole reconnue, l’essentiel de ses relations commerciales avec les pays africains sont plus d’ordre militaire et sécuritaire. Via la société AD Consult, elle a vendu du matériel militaire au Gabon, Sénégal, Guinée, Rwanda et bien d’autres. Mais plus que la vente d’armes, la spécialité d’Israël reste le sécuritaire. Ainsi, au Cameroun, Eran Moas, ressortissant israélien, est en charge des Brigades d’interventions rapides. Cette unité d’élite équipée par l’État hébreu a été impliquée dans des violations des droits humains perpétrés dans le nord du pays contre les séparatistes.
Les dispositifs technologiques de renseignement, qui vont de la reconnaissance faciale et de la numérisation individuelle à la surveillance électronique des frontières en passant par les écoutes téléphoniques notamment avec Pegasus, sont des produits particulièrement recherchés par les potentats africains indépendamment des relations entretenues avec l’État hébreu.
Violation du droit d’asile
Autre activité importante, l’exploitation des mines diamantifères. On y retrouve des hommes d’affaires israéliens comme Beny Steinmetz ou Dan Gertler impliqués dans les diamants de sang au Liberia, tous deux condamnés pour corruption.
Le sort des demandeurEs d’asile africains n’est guère plus reluisant. Leur demande est systématiquement refusée même lorsqu’ils sont ressortissants des pires dictatures comme l’Érythrée. Amnesty International a dénoncé le « choix » qui leur est imposé : rentrer dans leur pays, être en centre de rétention pour une durée indéterminée ou être expulsé au Rwanda ou en Ouganda, pays avec lesquels Israël a passé un accord dont s’est inspiré le gouvernement conservateur britannique.
Pillage du sous-sol, soutien aux dictatures africaines, violations des droits humains pour les migrantEs, indéniablement Israël remplit son rôle assigné par Ben Gourion d’être l’avant-poste de la défense occidentale au Proche-Orient.