Au moment où cet éditorial est écrit, on ne dispose pas de toutes les informations sur l’attentat de Manchester, déjà revendiqué par l’organisation « État islamique ». Ce qui est certain, c’est que cet attentat qui a fait au moins 22 mortEs et 59 blesséEs est une saloperie. S’attaquer sciemment à une salle de concert avec un spectacle pour des jeunes n’a rien à voir avec une quelconque lutte de libération des oppriméEs.Au contraire, ce sont précisément les oppriméEs, plus précisément ceux d’origine immigrée, qui vont en payer le prix. Déjà, en France, du côté de Marine Le Pen et des Républicains retentissent les habituels discours anti-immigrés et islamophobes. Ceux qui les tiennent jouent leur partition haineuse et raciste en phase avec l’objectif de Daesh : creuser en Europe le fossé entre les « musulmans » (ou considérés comme tels) et les autres populations.Du côté du gouvernement, les premières déclarations ne marquent pas la moindre réflexion sur le bilan de la stratégie sécuritaire et guerrière de Hollande. Dans un ouvrage publié cette année, le chercheur Jean-François Bayart dénonce l’« état d’exception et de surveillance de masse » et ajoute : « cette politique sécuritaire a échoué. Elle n’a pas évité les attentats qui n’ont jamais été aussi nombreux. Elle n’a pas tari le vivier des djihadistes ». Jean-François Bayart, comme d’autres, critique à juste titre l’idée qu’on peut lutter contre le terrorisme en faisant la guerre à l’extérieur, ou en faisant ami-ami avec des régimes comme l’Arabie saoudite.Jean-Yves Le Drian, ex-ministre de la Défense de Hollande et à ce titre proconsul de l’Afrique et représentant en Rafale et armes diverses, est désormais ministre des Affaires étrangères. Il a déclaré après l’attentat : « Les efforts en matière de coopération internationale doivent se poursuivre afin de défaire le terrorisme, sur nos territoires comme à l’étranger. » Christophe Castaner, le porte- parole du gouvernement est plus précis : « Il faut faire le maximum. Le maximum, c’est d’abord frapper à l’international, au Sahel, au Levant, là où on a l’origine du mal. »Sans la moindre complaisance, vis-à-vis des auteurs d’attentats, nous continuerons pour notre part à dénoncer l’état d’urgence, à nous opposer à son renouvellement et à refuser les guerres extérieures et le business des exportations d’armes.
Henri Wilno