Publié le Mercredi 23 septembre 2020 à 16h19.

Le Brésil brûle, BolsoNéron s’en fiche

Le Brésil est incendié sous le regard méprisant du gouvernement, tandis que le président ignore le désastre environnemental et économique, tout comme il ignore le « génocide » sanitaire qui a déjà coûté la vie à près de 140 000 victimes du Covid-19.

Au cours de la première moitié du mois de septembre  2020, il y a eu plus d’incendies en Amazonie que pendant tout le mois de septembre 2019. Le 15 septembre, 20 485 foyers dans le biome [l’écorégion] amazonien avaient été enregistrés par le programme Burning de l’Inpe (Institut national de recherche spatiale). À la même période l’année dernière, il y avait 19 925 foyers.

La moyenne est de 1 400 nouveaux foyers par jour. À cette époque de l’année, où la sécheresse prédomine en Amazonie, les acteurs de la déforestation (propriétaires terriens, mineurs, chercheurs d’or et entrepreneurs de l’agroalimentaire) profitent de l’occasion pour brûler les ressources biologiques afin d’ouvrir des espaces pour le bétail, le soja et l’exploitation de minéraux précieux.

1,3 million d’hectares de forêt tropicale perdus

Selon Global Forest Watch, qui gère une plateforme de surveillance des forêts en ligne, le Brésil est responsable de la destruction d’un tiers de toutes les forêts tropicales vierges déboisées sur la planète en 2019 : 1,3 million d’hectares perdus.

Le gouvernement brésilien ignore ses propres lois. Le 16 juillet, a été interdit l’usage du feu en Amazonie et au Pantanal pendant 120 jours. Cependant, les pyromanes agissent en toute impunité et les agences d’inspection sont mises au rebut. Le vice-président, le général Hamilton Mourão, se plaint qu’un employé anti-patriote de l’Inpe ait divulgué des informations…

Cette année, la déforestation a augmenté de 34 % en Amazonie brésilienne. Et le président d’insister : « Cette histoire selon laquelle l’Amazonie brûle sous l’effet des flammes est un mensonge », a-t-il déclaré lors d’une réunion virtuelle avec les chefs d’État sud-américains.

Le feu se propage également de manière incontrôlée dans le Pantanal, l’une des régions les plus riches en biodiversité de la planète. Déjà 16 % de la plus grande plaine inondée du monde a été détruite. Les incendies y ont réduit en cendres 23 000 km² de richesse végétale et animale. Le plus grand refuge d’aras bleus [grands perroquets] du monde a également été dévasté, et les projets de préservation des jaguars sont menacés.

Selon l’estimation d’Ibama/Prev­fogo, dans trois biomes qui traversent le territoire du sud du Mato Grosso – Pantanal, Cerrado et Mata Atlântica (Forêt atlantique) – la zone touchée par le feu dépasse déjà 1 450 000 hectares.

La politique du pire

Le gouvernement agit dans le sens contraire de la préservation de l’environnement. Pour 2021, il a réduit les budgets des deux principales agences fédérales pour la défense de la nature et l’inspection des crimes environnementaux, l’Ibama (– 4 %) et l’ICMBio (– 12,8 %).

La destruction du Pantanal, de l’Amazonie et de ce qui reste du Cerrado fait partie du programme de la coalition au pouvoir, qui regroupe des «grileiros», des mineurs, des bûcherons illégaux et des vandales de l’agrobusiness.

BolsoNéron est passé maître dans l’art d’éviter les reproches. Il prétend qu’il n’a rien à voir avec le « génocide » de la pandémie au Brésil, l’invasion des terres indigènes, l’ingérence dans la Police fédérale de Rio pour défendre ses enfants [Flavio Bolsonaro, entre autres, sénateur depuis 2019 et avant député de l’État de Rio de Janeiro], les miliciens décorés par ses proches, les chèques de Fabricio Queiroz [ex-policier militaire et collaborateur de Flavio Bolsonaro], la hausse du prix du riz, la croissance du chômage (13 millions de travailleurs) et tant d’autres mesures de son gouvernement qui ruinent notre pays.

Article publié sur le site Correio da Cidadania ; version intégrale (en français) sur https://alencontre.org/ameriques/amelat/bresil/le-bresil-en-feu.html