Aux États-Unis, nous sommes enfermés dans un système électoral bipartite depuis des décennies. Étant donné la faiblesse du financement gouvernemental, les candidats doivent recueillir aux-mêmes des fonds. En règle générale, des fractions de l’élite des affaires contribuent à l’un ou l’autre des grands partis – ou bien pour ne pas tout miser du même côté, contribuent aux deux. C’est le poids économique du business qui conduit les politiques de ces partis.
La Cour suprême, depuis une décision de 2010, a statué que la clause de liberté d’expression du premier amendement de la Constitution interdisait au gouvernement de restreindre la parole – le don d’argent étant considéré comme une forme de discours. L’argent collecté et dépensé augmente considérablement. Alors qu’en 2016, la course à la présidentielle avait coûté à elle seule 2,4 milliards de dollars, on estime que la campagne de 2020 en coûtera 6,6 milliards.
Candidat milliardaire
En tant que milliardaire, Donald J. Trump était un candidat républicain particulier. Il n’avait jamais occupé de fonction publique, était une personnalité de la télévision bien connue qui avait déjà été associée au Parti démocrate et ne se présentait pas comme un républicain typique préoccupé de réduire le rôle du gouvernement mais comme un populiste. Trump était un homme d’affaires sans grand succès et sa campagne n’était pas particulièrement soutenue par les grandes entreprises.
Contrairement à d’autres candidats à la présidence, Trump n’a jamais publié ses déclarations de revenus en tant que candidat, ni placé ses avoirs dans un trust indépendant après son élection. Les histoires sur son incapacité à payer les factures ont fait surface assez tôt, mais toute l’étendue de ses sous-traitants et même des banques avec qui il était en affaire n’a été vérifiée que récemment par les journalistes du New York Times, quelques semaines seulement avant les élections de 2020.
Président au service du capital
Les réalisations de Trump au pouvoir sont des réductions d’impôts pour les entreprises et les riches, ainsi que la déréglementation et l’éviscération des agences de régulation. Celles-ci concernent la santé et la sécurité des travailleurEs, l’ouverture de l’utilisation des terres fédérales aux sociétés et aux éleveurs et la suppression des restrictions sur la pollution de l’air, des terres et de l’eau.
Trump n’avait pas prévu le personnel pour pourvoir les nombreux postes vacants qu’un président doit attribuer, à commencer par la Maison Blanche, au niveau du Cabinet et à diverses fonctions importantes. La Federalist Society, de droite, est venue à la rescousse, fournissant une liste de juristes qui avaient été préparés pour une telle opportunité. C’est ainsi que Trump a nommé, et que le Sénat à majorité républicaine a confirmé, 200 juges fédéraux, ainsi que Neil Gorsuch (2017), Brett Kavanaugh (2018) et Amy Coney Barrett (2020) à la Cour suprême des États-Unis. Cette foule de jeunes juges de droite aura un impact sur les tribunaux fédéraux pendant des années. La plupart des commentaires des médias dominants sur ces nominations se sont concentrés sur les questions culturelles importantes pour la base évangélique de Trump, mais ces juges sont aussi favorables aux grandes entreprises.
Biden, candidat rassurant
En octobre, le magazine Forbes recensait 101 milliardaires qui avaient fait un don à la campagne Trump tandis que Biden avait 186 milliardaires de son côté. Ces milliardaires gagnaient leur argent dans des branches similaires – FIRE (finance, investissement et immobilier), le secteur des soins de santé et de la pharmacie et les industries de la communication/électronique /internet – mais Trump avait beaucoup plus de financement provenant de sources pétrolières et un peu plus de l’immobilier.
Les milliardaires ne voyaient plus aucun avantage particulier à soutenir un Trump chaotique par rapport à Biden, acteur politique sur la scène nationale depuis près de cinquante ans. Alors qu’il devenait clair que Trump devenait vulnérable, la question restait de savoir si le Parti républicain serait prêt à soutenir Trump, si nécessaire, dans ses diverses manœuvres. Lorsque Trump a déclaré qu’il avait gagné et que les démocrates essayaient de « voler » les élections, Mike Pence, son vice-président, ne l’a pas soutenu. À ce stade, il est devenu clair que l’establishment républicain n’avait plus besoin de Trump et de sa famille.