Lors des élections régionales qui se sont déroulées le week-end dernier dans 3 Länder (sur 16) en Allemagne, l’Alternative für Deutschland (AfD) a recueilli 12,6 % et 15 % des voix en Rhénanie-Palatinat et dans le Bade-Wurtemberg, régions frontalières de la France, atteignant même 24,2 % en Saxe-Anhalt, au cœur de l’ancienne Allemagne de l’Est, malade du chômage.
L’AfD est un parti d’extrême droite, comme le FN : nationaliste, hostile à l’Europe, favorable à la sortie de l’euro... Il s’est formé il y a peu, en 2013, et connaît une brusque ascension en flattant les préjugés nationalistes, xénophobes et racistes, au sein d’une population qui paie de plus en plus cher la politique du patronat, et de Merkel en particulier, dans les régions de l’ancienne Allemagne de l’Est où s’est développé le mouvement raciste Pegida. Toute sa campagne a été centrée contre la politique migratoire de Merkel, contre les réfugiéEs et les migrantEs, ne reculant devant aucune démagogie pour dévoyer le désespoir et les frustrations.
Il est ainsi devenu le troisième parti d’Allemagne. « Un tremblement de terre », dit une partie de la presse allemande. Oui, parce que ces résultats de l’extrême droite interviennent non seulement comme un désaveu de la politique migratoire de Merkel, jugée bien trop laxiste et accueillante, mais aussi comme une agression à l’égard de toutes celles et tous ceux qui ont ouvert leur porte aux réfugiéEs.
Un « tremblement de terre » aussi parce que, jusqu’ici, l’extrême droite populiste et raciste était restée très marginale. Il est clair que les agressions contre des femmes lors de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne et dans d’autres villes d’Allemagne, leur instrumentalisation par une partie de la presse, ont largement contribué au succès de l’AfD.
Merkel veut le prendre comme un feu de paille. Il n’en est rien, d’autant qu’elle-même va devoir encore plus s’adapter aux pressions de ses propres partisans pour réduire le flux des migrantEs et, probablement, ensuite fermer à son tour ses frontières. En se désavouant ainsi eux-mêmes, Merkel et les partis de la grande coalition, la CDU et le SPD, le parti socialiste en Allemagne, nourrissent la propagande de l’extrême droite.
Le succès de l’AfD est un signe d’alarme pour nous aussi, pour tous les travailleurs d’Europe. Eux seuls ont des réponses progressistes et démocratiques, solidaires et internationalistes, à la crise de l’Europe du capital.
Yvan Lemaître