En dépit des dangers encourus, la lutte continue contre le projet pétrolier de TotalEnergies néfaste pour les populations et le climat.
L’activiste Stephen Kwikiriza, enlevé par les forces de sécurité ougandaises, a été retrouvé dans un état de santé déplorable après avoir été passé à tabac pendant ses cinq jours de captivité.
Cette nouvelle atteinte aux droits humains fait partie d’une longue liste qui vise à imposer aux populations le plan pétrolier East African Crude Oil Pipeline (EACOP) de la multinationale française TotalEnergies.
Répression contre les populations
Ce projet gigantesque vise à construite un pipeline chauffé sur 1443 kilomètres permettant de transporter le pétrole depuis les forages du lac Albert en Ouganda vers les côtes tanzaniennes. Un accord de 10 milliards de dollars a été passé entre TotalEnergies et les deux pays africains.
Outre la bombe climatique que représente cet investissement, il impacte la vie d’une centaine de milliers de personnes.
De gré et surtout de force car les violences sont systématiques, les populations ont été expulsées avec des compensations financières dérisoires. Le scandale était tel que TotalEnergies a déclaré en janvier 2024 confier à Lionel Zinsou, grand ami de Macron, banquier d’affaires et ancien homme politique du Bénin la rédaction d’un rapport que l’on attend toujours.
La lutte continue
Et dans la série des déclarations qui ne coutent rien, alors que Stephen Kwikiriza est hospitalisé, l’entreprise pétrolière proclame ne « tolérer aucune menace ou attaque contre ceux qui défendent et promeuvent pacifiquement les droits de l’homme »1. Mais TotalEnergies s’attendait à quoi du pouvoir ougandais qui procède à des arrestations arbitraires accompagnées de torture contre les opposants ? Surtout quand le dictateur Museveni déclarait : « c’est mon pétrole et je n’autoriserai personne à jouer avec »2.
Depuis 2021, 30 activistes ont été arrêtés, d’autres sont quotidiennement harcelés. Les autorités ont suspendu 54 ONG et tentent d’empêcher les populations expulsées d’accéder à leurs droits.
En dépit de cette répression avec la complicité de TotalEnergies, la lutte continue et s’amplifie. C’est près de 260 organisations à travers le monde qui travaillent de concert contre EACOP et remportent des premiers succès. Le travail de pression fait vis-à-vis des institutions financières et d’assurance ont poussé à ce qu’une quarantaine d’institutions quittent le projet. Si les ONG plaignantes ont été déboutées, TotalEnergies est la première multinationale à être poursuivie par un tribunal français pour manquement à son devoir de vigilance, et un autre procès est en cours. La condamnation par le Parlement européen des attaques contre les droits humains en Ouganda et en Tanzanie est un point d’appui.
La campagne EACOP est l’illustration dans la pratique de ce que peut être une campagne internationaliste rassemblant organisations africaines et européennes contre la politique antipopulaire et écocide de la multinationale pétrolière.
Paul Martial