Le crime d’apartheid, qui est un crime contre l’humanité, n’est pas seulement la réalité historique de l’Afrique du sud mais une qualification juridique potentiellement applicable à d’autres Etats. Selon la définition de la Cour Pénale Internationale il s’agit d’un "régime institutionnalisé d’oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ou tous autres groupes raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime". Le racisme de l’Etat israélien résulte de l’idéologie sioniste dont l’objectif est d’assurer la suprématie juive en Palestine.
Les mots ayant leur importance, nous précisons que le terme «groupe racial», qui ne nous convient pas, est néanmoins utilisé par la CPI et d’autres organes juridiques.
Nous évoquons aussi la «suprématie juive» dans le sens où l’Etat d’Israël se dénomme lui-même «Etat juif», ses citoyens voient sur leurs papiers d’identité la mention «juif» ou non-juif (catégorie qui reprend des dizaines de sous-catégories que nous ne pouvons évoquer ici). Des lois différentes s’appliquent suivant que les personnes sont juives ou non et les non-juifs sont discriminés en tant que tel par la loi et dans le système concret mis en place en Israël.
Sur le territoire israélien actuel, un million et demi de Palestiniens vivent comme des citoyens de deuxième classe où ils subissent des discriminations. Ils sont défavorisés dans la législation de la nationalité et du mariage, dans l’accès aux ressources de travail, syndicales, culturelles, de santé, d’éducation et même aux permis de construire qu’ils n’obtiennent presque jamais. Les Palestiniens citoyens d’Israël ne peuvent pas, selon la loi israélienne, posséder des propriétés sur 93% du territoire qui est exclusivement réservé aux Juifs, Israéliens ou étrangers (Américains, Français etc.).
Dans les territoires occupés depuis 1967, plus de 18 000 maisons palestiniennes ont été détruites pour permettre aux colonies israéliennes de s’étendre. Plus d’un million d’oliviers et autres arbres fruitiers ont été arrachés. C’est l’armée israélienne qui contrôle l’eau de Cisjordanie, en confisque plus de 80% et revend le reste aux Palestiniens 4 fois son prix.
Aucun droit ne régit le travail des Palestiniens en Cisjordanie, qui ne connaît ni salaire minimum, ni âge minimum, ni maxima horaires. Les Palestiniens vivent sous l’arbitraire de la juridiction militaire qui peut les mettre en prison sans inculpation, leur faire subir des punitions collectives, des confiscations de terres, des couvre-feux de plusieurs jours, des assassinats ciblés ou des bombardements. Plus de 11.000 Palestiniens croupissent aujourd’hui dans les prisons israéliennes, dans lesquelles de nombreux cas de torture sont dénoncés.
La Cisjordanie est divisée en dizaines de «Bantoustans» isolés entre lesquels il n’est pas possible de circuler sans autorisation israélienne, délivrée arbitrairement dans l’un de ses 600 «Check Points». Les Palestiniens ne peuvent emprunter les autoroutes reliant les colonies, ni utiliser l’aéroport international de Tel Aviv. Le Mur de séparation empêche physiquement des dizaines de milliers de Palestiniens d’accéder à leurs familles, lieux de travail, écoles, universités ou hôpitaux.
Un million et demi de Palestiniens dans la bande de Gaza vivent un cas extrême d’oppression systématique: blocus total, privation des produits de première nécessité, bombardements fréquents et de plus en plus violents (plus de 1400 morts en un mois en janvier 2009)...
Près de six millions de Palestiniens vivent aujourd’hui en exil et sont discriminés par l’impossibilité de rentrer dans leur pays. A différents degrés, ce sont donc bien tous les Palestiniens (11 millions de personnes, dont la moitié a le statut de Réfugié) qui vivent une ségrégation quotidienne.
L’utilisation du mot "apartheid", pour qualifier la situation qu’Israël impose aux Palestiniens, est souvent jugée excessive par le grand public. Il s’avère pourtant que l’utilisation de ce terme est tout à fait adaptée pour décrire et dénoncer le sort des Palestiniens.
Hélène et Linda