Malgré ses promesses électorales, le New Labour a décidé de privatiser la poste, Royal Mail. Le syndicat CWU a lancé une grève nationale pour faire échouer le projet.
Les postiers britanniques se sont lancés dans une bataille décisive pour le futur de la poste (Royal Mail) comme service public, lorsque 120 000 d’entre eux se sont mis en grève les 22 et 23 octobre. Trois autres jours de grève sont prévus cette semaine.
Malgré ses promesses lors des dernières élections au Parlement, le New Labour a récemment tenté de privatiser Royal Mail. Le syndicat Communication Workers Union (CWU) avait menacé de quitter le Parti travailliste si les gouvernements de Blair et Brown persistaient dans la privatisation. Ce projet fut abandonné l’an dernier parce que les « circonstances économiques n*fétaient pas favorables ».
Mais pour le gouvernement et la direction de Royal Mail, il ne s’agissait que d’un repli temporaire, et depuis quelques mois, ils sont passés à l’attaque en harcelant les facteurs : les rondes sont allongées, les sacs alourdis et ils ne connaissent que très peu de temps à l’avance leurs périodes de travail. La justification de ces changements est la « nécessité » de moderniser Royal Mail pour qu’elle puisse entrer en compétition avec les postes privées, combler le déficit de la caisse de retraite des postiers et introduire un équipement et des pratiques modernes.
Le CWU n’est pas opposé à la modernisation, mais certainement pas au détriment des salaires et des conditions de travail. Le syndicat accepte certains changements mais exige que les sections syndicales donnent leur accord. C’est parce que ça n’a jamais été respecté que des grèves ont éclaté au niveau local depuis plusieurs semaines. Évidemment le modèle d’une poste moderne pour la direction et le New Labour est celui d’une entreprise privée et non d’un service public. Mais, s’il existe une crise dans Royal Mail, ce ne sont pas les facteurs qui en sont responsables. Plus de 50 000 emplois ont été supprimés depuis 2002 ; pendant près de dix ans, Royal Mail n’a pas versé sa part des contributions patronales à la caisse de retraite, alors que rien que l’an dernier, son bénéfice a atteint 321 millions de livres (348,5 millions d’euros) !
Le plan de la direction de Royal Mail pour réduire l’influence du syndicat est à l’origine de la grève nationale. Son objectif est de réduire les relations avec le syndicat au minimum légal. Ainsi, les sections et les délégués ne pourraient plus négocier avec les directions des centres de tri et des groupes de concertation seraient créés pour contourner le syndicat.
Alors que la direction a annoncé l’embauche de 30 000 intérimaires pour tenter de briser la grève, les postiers sont en bonne position pour gagner. Ils sont très fortement syndiqués et ont voté – à bulletin secret – à 76 % pour la grève. Mais leur détermination au niveau local devra se traduire au niveau national, pour gagner cette bataille décisive pour le service public qui sera aussi une victoire contre les plans de privatisation de Royal Mail, qui risquent de revoir le jour après les élections générales l’an prochain.
Fred Leplat (Socialist Resistance)