Le président Donald Trump et son homme de main, le milliardaire Elon Musk, ont démantelé l’État-providence américain, en fermant des agences et en licenciant des dizaines de milliers d’employéEs fédéraux. Leur opération de démolition laisse les travailleurEs sans revenus et prive les enfants, les personnes handicapées et les personnes âgées de soutien et de services.
Les actions de Trump et de Musk semblent inconstitutionnelles ou illégales et ont fait l’objet de contestations juridiques de la part des gouvernements des États, des organisations de citoyens et des syndicats. Au cours des deux dernières semaines, les premières manifestations nationales de grande ampleur ont également eu lieu.
Des actions en justice
Trump et Musk ont brandi des haches, des boulets de démolition et des bulldozers dans divers bureaux gouvernementaux. Le département de l’efficacité gouvernementale de Musk est censé s’attaquer au « gaspillage, à la fraude et aux abus », mais Trump a licencié 18 inspecteurs généraux dont le travail consistait précisément à surveiller le gaspillage, la fraude et les abus. Plusieurs d’entre eux ont intenté une action en justice en affirmant que l’action de Trump était illégale.
L’équipe de Musk, composée de techniciens dans la vingtaine, s’est emparée du département du Trésor et de toutes ses données sur les finances personnelles provenant de l’Internal Revue Service et de l’Administration de la Sécurité sociale. Plusieurs États ont intenté des poursuites et les tribunaux ont temporairement interrompu la prise de contrôle.
Trump et Musk se sont également efforcés de fermer un certain nombre d’agences qui protègent les fonctionnaires et les autres travailleurEs. Ils ont pris le contrôle et licencié des employés du Whistleblower Protection Office, du National Labor Relations Board, du Merit Systems Protection Board, de l’Equal Employment Opportunity Commission et du Privacy and Civil Liberties Oversight Board. Les tribunaux ont ordonné la réintégration de certains de ces travailleurEs.
Déréglementation
Trump et Musk ont soudainement et sans ménagement licencié 20 000 fonctionnaires, mais ils ont 200 000 employéEs en ligne de mire. En agissant si rapidement et si imprudemment, ils ont bêtement licencié puis dû réembaucher des travailleurEs, tels que les vétérinaires travaillant sur l’épidémie de grippe aviaire et d’autres employéEs s’occupant de la sécurité des armes nucléaires. Les syndicats ont intenté un procès, mais le juge a déclaré qu’il n’avait pas autorité parce qu’il s’agissait d’une affaire de travail et leur a dit de porter l’affaire devant l’Autorité fédérale des relations de travail (Federal Labor Relations Authority), dont Trump vient de renvoyer la présidente.
Comment Trump et Musk justifient-ils ce qu’ils font ? Les conservateurs considèrent depuis longtemps que les agences gouvernementales — à l’exception de l’armée et de la police — n’ont généralement aucune utilité. Les programmes sociaux destinés aux enfants, aux personnes âgées, aux handicapés et aux pauvres sont non seulement inutiles, mais pernicieux, car ils sapent l’initiative individuelle. Enfin, les réglementations gouvernementales étouffent les entreprises privées. Trump et Musk peuvent sembler être des anarchistes de droite opposés à tout gouvernement, mais en réalité, ils veulent un gouvernement qui réduise leurs impôts et garantisse leurs profits. Leurs motivations ne sont que trop transparentes et certains de ceux qui ont voté pour Trump ont commencé à se réveiller.
Première étape d’une riposte sociale
Deux grandes manifestations nationales représentent la première étape d’une réponse massive de la classe ouvrière. Le 17 février, jour du président, des milliers de personnes se sont rassemblées dans de grandes et petites villes du pays sous la bannière « Pas de roi le jour du président ». J’ai rejoint une manifestation de quelques centaines de personnes devant le bâtiment administratif du comté de San Diego, en Californie, où de nombreux discours et pancartes avaient un ton plutôt patriotique, défendant la démocratie américaine contre les dictateurs Trump et Musk.
Une semaine plus tard, des travailleurEs fédéraux de toutes sortes ont manifesté lors d’une trentaine de rassemblements : « Sauvez nos services » dans des villes du pays, la plupart dans des installations fédérales, mais aussi dans les bureaux de SpaceX de Musk et dans ses salles d’exposition Tesla.
« La seule façon de s’en sortir est que la main-d’œuvre fédérale en première ligne lance un appel au mouvement syndical dans son ensemble, descende dans la rue et fasse de cette situation une crise politique qu’elle ne peut pas gérer », a déclaré à Labor Notes Chris Dols, président de la section 98 de la Fédération internationale des ingénieurEs professionnelEs et techniques, qui travaille pour le Corps des ingénieurs de l’armée de terre. Et il a raison.
Dan La Botz, traduction par la rédaction