Les 19 et 20 septembre derniers se réunissaient à Salzbourg, lors d’une « réunion informelle », les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne. Au programme, trois sujets principaux : le Brexit, la sécurité intérieure et les flux migratoires.
Durant le sommet, les participantEs ont à peine caché leur satisfaction au regard de la baisse du nombre de migrantEs arrivant en Europe. Peu importe que cette baisse provienne du déplacement des frontières réelles de l’Europe vers des pays du Sud global grâce, par exemple, à la mise en place des « hotspots » ; peu importe que cette politique de fermeture entraîne un allongement des routes migratoires qui deviennent de plus en plus dangereuses ; les responsables rassemblés n’ont qu’une obsession : chasser les migrantEs.
Convergences anti-migrantEs
Malgré des divergences de méthode et de ton entre un bloc « dur » représenté par la Hongrie, l’Autriche et l’Italie, et un bloc qui se présente comme plus modéré, comprenant notamment la France et l’Allemagne, Emmanuel Macron l’affirme : de fortes convergences existent. Tout d’abord, tous les présents s’accordent sur le fait qu’il y a encore trop de migrantEs qui arrivent en Europe. Pour empêcher les arrivées, le président français soutient la proposition de la Commission européenne visant à renforcer Frontex, l’agence en charge du contrôle des frontières. Par ailleurs, tous veulent « améliorer les politiques de retour », nouvelle expression de la novlangue pour dire « augmenter les expulsions ». Enfin, tous s’inquiètent « des mouvements secondaires », termes désignant les mouvements de migrantEs au sein de Schengen. En effet, certainEs migrantEs, une fois arrivés en Europe, continuent leur périple, pour atteindre la France et l’Allemagne notamment, où ils et elles demandent l’asile. Cette pratique est une manière de contourner le dublinage, qui induit qu’unE migrantE doit rester dans le premier pays d’Europe où il est enregistré.
Ouvrir les frontières !
En réalité, il existe des tensions entre les pays pour savoir quels sont les meilleurs moyens pour gérer les flux migratoires. Les pays comme l’Italie, l’Espagne et la Grèce se méfient d’un renforcement de Frontex, qui pourrait se traduire par une perte d’autonomie dans la gestion de leurs frontières. De même, la question des « mouvements secondaires » inquiète, surtout la France qui refuse d’accueillir des migrants sous le double prétexte de ne pas être une frontière terrestre de l’UE et de ne pas avoir sur son territoire les premiers ports sûrs accessibles pour les bateaux de naufragéEs. Bel artifice juridico-géographique pour ne pas avoir à accueillir de migrantEs et pour externaliser aux pays périphériques de l’Europe la gestion des frontières.
Néanmoins, s’il existe des divergences sur les moyens et sur la radicalité des mesures, la réalité est que sur cette question, l’essentiel est partagé entre les dirigeants européens : unE migrantE est un migrantE de trop.
Malheureusement l’histoire a montré que lorsque l’Europe s’habitue à massacrer à ses frontières et à pratiquer, directement ou par délégation, des atrocités envers des populations entières, c’est l’extrême droite et les fascistes qui finissent par emporter la mise. Il y a donc urgence à ouvrir les frontières et affirmer la liberté de circulation de toutes et tous. Leurs vies valent plus que nos frontières.
Hugo (Commission migrations et antiracisme)