Les élections du 23 octobre sont loin d’avoir refermé le chapitre ouvert en janvier 2011. Face à la poursuite de la politique économique et sociale néolibérale, ainsi que les attaques contre les droits des femmes, les mobilisations reprennent de plus belle. Le sit-in de Bardo : une protestation aux multiples orientationsAprès l’élection de l’Assemblée constituante et sa première séance, le 22 novembre, des rassemblements se tiennent à Tunis devant le Bardo, le lieu où l’Assemblée se réunit. Les manifestants protestent contre la politique de la Triple Alliance réunissant les islamistes d’Ennahda, le CPR de Marzouki et le parti social-démocrate Ettakatol de Ben Jaafar.
Leurs slogans sont axés sur la défense des libertés et des droits de l’homme, menacés par les intégristes. Des événements graves ont en effet eu lieu dans les universités et l’espace public, où les salafistes ont imposé à des femmes le port du hijab et du niqab, et empêchent la mixité. Ces actes sont révélateurs du projet de l’actuelle droite réactionnaire. Ces slogans et revendications sont avancés par toutes les forces progressistes, minoritaires à l’Assemblée, et en particulier le Pôle moderniste organisé autour d’Ettajid (l’ancien Parti communiste passé sur des positions de centre-gauche).
D’autres slogans reflètent les exigences sociales telles que le travail, la liberté, la justice sociale et la dignité, ainsi que des demandes de poursuites contre les snipers qui ont tué des martyrs, l’épuration des médias et du système judiciaire, et le développement équitable entre les régions. En résumé, ces slogans affirment la nécessité de continuer le processus révolutionnaire.
En effet, les résultats des élections du 23 octobre ne reflètent pas la réalité de la volonté populaire, surtout des pauvres, des chômeurs, des marginalisés et des opprimés, qui étaient à l’origine de la révolution et se battaient pour le travail, la liberté et la dignité.
Du Bardo jusqu’aux régions de l’intérieur, les sit-in continuent ainsi que les manifestations pour le droit au travail et la liberté, contre les forces capitalistes et intégristes, le système bénaliste ainsi que toute ingérence étrangère, en particulier celle du Qatar. Mettre fin au régime bénalisteDepuis le renversement du dictateur, rien n’a changé concernant l’exploitation, l’oppression, la paupérisation et la marginalisation d’une grande partie de la population. Lutter contre cela passe par une rupture avec ceux qui pratiquent l’opportunisme envers les forces de droite et ont tourné le dos aux revendications des masses, contribuant ainsi à la confusion politique actuelle.
L’heure est à la continuation de la lutte révolutionnaire afin d’accomplir les tâches de la révolution et notamment le démantèlement du système politique mis en place par Ben Ali.
Abdessalem Hidouri, Tunis, le 17 décembre 2011 Abdessalem est militant de l’organisation tunisienne LGO. Il était un des coordinateurs des Casbah 1 et 2.