Le secteur de l’enseignement secondaire de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a décidé une grève nationale les 22 et 23 janvier 2013. Elle a été suivie à plus de 93 %. Dans la région de Sidi Bouzid, aucun établissement n’a ouvert ses portes le 22."Nous sommes arrivés à un point de non-retour, nous continuerons la lutte jusqu’à la réalisation de nos revendications », m’a confié un professeur et syndicaliste de base. Ceci est partagé par la plupart des enseignantEs qui scandaient dans la manifestation « pour la monté de la lutte, nous avons une volonté de fer », « dignité, dignité ! ».Les professeurs en ont ras-le-bol d’attendre l’hypothétique application de l’accord prévoyant, entre autres, l’amélioration de leurs conditions de travail, signé entre le syndicat de l’enseignement secondaire et le ministère de l’Éducation, l’année dernière, mais que ce dernier refuse d’appliquer. Ils ont ainsi décidé de stopper le travail, de descendre dans la rue pour crier haut et fort leurs revendications : principalement la baisse du nombre d’heure de travail et la retraite à 55 ans avec 30 années de travail (jusqu’à présent le régime est de 18 h par semaine et la retraite à 60 ans avec 35 annuités). Selon le secrétaire général de l’enseignement secondaire, Lassaad Yacoubi, la mise en œuvre de ces revendications est nécessaire « pour laisser la place aux générations futures », cela ouvrirait 25 000 postes en 3 ans. Ils revendiquent aussi la reconnaissance de leur métier comme un travail pénible ce qui donnerait droit à une prime de pénibilité.L’autre cheval de bataille est l’amélioration de la situation des professeurs remplaçants, qui sont traités « comme des esclaves » selon Lassaad Yacoubi : ils sont contractuels, ont des horaires de travail extensibles, ne sont pas payés pendant les vacances, leur salaire est scandaleusement bas. Ils sont payés en moyenne 250 dinars par mois (125 euros) contre 600 dinars (300 euros) pour les titulaires, ce qui permet déjà difficilement de faire face aux coûts de la vie qui ne cesse d’augmenter. Ils demandent ainsi leur titularisation et une paie égale à celle des autres enseignants.Solidaires de la lutteSauf de la part du gouvernement, ces revendications sont vues comme légitimes et la grève obtient le soutien de tous les secteurs de l’UGTT. Les administratifs du secteur de l’enseignement ont, par exemple, manifesté leur soutien en observant une grève de solidarité avec les enseignantEs.Ces dernierEs sont bien décidés à ne rien lâcher jusqu’à ce que le ministre se mette autour de la table et réponde favorablement à leurs revendications : « cette grève n’est qu’une première étape, on va augmenter le niveau de la mobilisation et utiliser d’autres formes de lutte comme la grève administrative s’il le faut ! ». Au lieu de leur faire peur, la gestion du conflit par le gouvernement a renforcé leur colère : le premier jour de la grève, la police politique est entrée dans quelques lycées de la région de Tunis menaçant enseignantEs et directeurs pour établir des listes d’enseignantEs grévistes. L’assemblée générale du 23 s’est conclue sur cette phrase à l’adresse du gouvernement : « ce peuple vient de se libérer de l’oppression, il n’y retournera pas ».Correspondant