La Turquie, à cheval sur l’Europe et sur l’Asie, porte terrestre de l’Europe sur le Moyen Orient, piétine depuis des années aux portes de l’Union Européenne. Après le mépris avec laquelle elle avait été traitée sous l’ère Sarkozy et le rejet de l’idée même de son entrée dans l’Europe, sous prétexte notamment de culture islamique, cette dernière lui déroule maintenant le tapis rouge.
Le sommet tenu à Bruxelles le 29 novembre entre l’Europe et la Turquie afin de freiner l’arrivée des migrants passant par son territoire a tourné au sommet en l’honneur de la Turquie. On l’adoube, on lui verse tout de suite 3 milliards d’euros pour l’aider à faire face à l’arrivée des migrants et à les retenir.
L’Union Européenne, Merkel en tête, ex madone des migrants, s’est engagée à ouvrir un nouveau dossier d’adhésion de la Turquie et à tenir avec elle un sommet tous les six mois.
Erdogan et Davutoglu son Premier ministre sont aux anges, ils triomphent.
La presse muselée, le Palais de 1000 chambres, la persécution des Kurdes, l’achat de pétrole à Daesh, la corruption des gouvernants, le refoulement sélectif des migrants, notamment les Afghans et les Pakistanais qui ne font pas l’objet d’une protection internationale… ce ne sont plus des sujets, l’UE a un nouvel ami, elle vient de prendre une décision qui ne va pas être facile à faire cohabiter avec ce qu’elle présente comme ses principes fondateurs.
Au contraire, il faut rejeter le régime ultra-conservateur d’Erdogan et que le peuple Turc retrouve son statut laïque et démocratique.
Catherine Segala