Les contradictions de la politique étrangère de Joe Biden ont été mises en évidence tant à l’étranger qu’à l’intérieur du pays le week-end dernier.
Au cimetière américain de Normandie, en France, lors d’un discours prononcé à l’occasion du 80e anniversaire du jour J, Joe Biden a appelé l’alliance occidentale à s’unir une fois de plus pour défendre la liberté et la démocratie contre « un tyran déterminé à dominer », c’est-à-dire Vladimir Poutine et sa guerre contre l’Ukraine.
La liberté et la politique de Netanyahou
Le président américain a demandé à l’auditoire : « Allons-nous nous dresser contre la tyrannie, contre le mal, contre la brutalité écrasante de la poigne de fer ? » Pendant ce temps, des dizaines de milliers de PalestinienNEs et leurs alliés ont encerclé la Maison Blanche avec une liste de noms de milliers de PalestinienNEs tués par la main de fer à Gaza. Ces noms étaient inscrits sur une bannière rouge symbolisant les lignes rouges fixées par Joe Biden, et que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou continue d’ignorer et de franchir.
L’affirmation de Biden selon laquelle les États-Unis sont toujours le leader d’un monde libre et démocratique qui galvanise les alliés européens de l’Amérique pour s’opposer à un dictateur déterminé à conquérir, entre en contradiction avec le fait que les États-Unis soutiennent Israël. C’est un fossé qui divise les électeurEs démocrates. Le candidat républicain Donald Trump a uni son parti et sa base autour de sa personnalité charismatique et autoritaire et son programme réactionnaire qui menace de saper et de détruire la démocratie américaine. La campagne de Joe Biden repose en grande partie sur la promesse de défendre la démocratie et la liberté — celle des femmes de choisir l’avortement, de vote, d’organiser un syndicat ou une manifestation pour les droits civiques — menacées par une victoire de Trump.
Le parti démocrate est soumis à d’énormes pressions, en grande partie à cause du soutien de Biden à Israël. Le groupe parlementaire progressiste a fait pression sur Biden pour qu’il freine Israël et instaure un cessez-le-feu, mais le groupe lui-même s’est divisé sur ces questions. Les neuf membres du groupe de gauche, dont quatre de DSA, les Socialistes démocrates d’Amérique, ont adopté les positions les plus critiques à l’égard de la politique de soutien de Biden à Israël, même s’ils répugnent à critiquer le président de manière trop virulente, de peur de compromettre sa réélection. D’autre part, certains représentantEs ont quitté le Progressive Caucus parce qu’ils estiment qu’il est trop critique à l’égard d’Israël.
Politique migratoire
Une autre contradiction profonde entre la rhétorique et la politique se trouve dans la politique d’immigration de Biden. Dans un récent discours sur la politique migratoire, Biden a déclaré, pour se distinguer de Trump, « je ne diaboliserai jamais les immigrés. Je ne dirai jamais des immigrés qu’ils “empoisonnent le sang” d’un pays ».
Ces mots ont été prononcés lors de l’annonce par Biden de l’adoption d’une politique de restrictions plus sévères à l’égard des migrantEs demandant l’asile à la frontière mexicaine, une politique qui ressemble beaucoup à celle de Trump. Lorsque le niveau de 2 500 sans-papiers par jour sera atteint, ce qui arrive presque tous les jours, la frontière leur sera complètement fermée.
À 150 jours de l’élection, les républicains s’unissent autour de Trump, malgré sa récente condamnation pour crime, tandis que les démocrates se fragmentent en raison du manque de cohérence politique et morale de Biden.
Traduction par la rédaction