Après quatre semaines de fermeture, la rentrée a été mouvementée dans les lycées. Le ras-le-bol accumulé toute cette année a éclaté dans des centaines de bahuts, parfois en réponse à des appels syndicaux. Mais plus souvent, la mobilisation s’est nourrie de ses propres forces, les premiers lycées bloqués donnant la marche à suivre à d’autres.
Les liens militants noués lors des derniers mouvements – un par an depuis l’année scolaire 2017-2018 ! – ont servi de vecteur de transmission au virus de la colère.
Manifestations et répression
Les blocages ont pu parfois rater, mais même dans ces cas-là, des dizaines de lycéenEs restaient dehors pour faire grève. Des manifestations ont eu lieu, à Brest le vendredi 7 mai regroupant 300 lycéenEs, ou encore à Nantes ou Grenoble lundi dernier. La répression policière est allée crescendo, de même que la pression administrative exercée par les petits Blanquer que sont les chefs d’établissement.
C’est à la périphérie des grandes villes que l’on comptait le plus de blocus, ainsi que dans certains coins plus isolés des campagnes. Toute une partie de la jeunesse populaire a décidé, au-delà des inquiétudes concernant les seules modalités du bac, de marquer le coup contre ses conditions d’études et la politique du gouvernement qui, tout au long de l’année, a prétendu gérer la crise sanitaire sans y mettre les moyens nécessaires.
Présentiel vs démerdentiel
Résultat : tandis que les lycées cotés, notamment privés, arborent un « 100 % présentiel » sur les dossiers Parcoursup de leurs élèves, les autres lycéenEs essaient de cacher le régime « démerdentiel » auquel ils et elles ont eu droit. L’année a été catastrophique pour eux, entre plateformes numériques en panne, difficulté à suivre les cours à la maison et profs qui tentaient de colmater les brèches. Le ministère a été aussi mauvais pour dépister le Covid-19 que le décrochage. Mais il se fixe comme priorité d’évaluer les lycéenEs dans les dernières semaines de l’année…
D’ailleurs, comment Blanquer a répondu à la mobilisation ? Il a pris sa plume et a promis des aménagements d’épreuves. Pour la philo, l’épreuve finale ne compte que si elle améliore le contrôle continu. Mais le contrôle continu est à l’image de l’année qui vient de s’écouler. Dans certains coins, les jeunes ne veulent même pas passer de bac blanc, de peur que le mauvais résultat tire un peu plus leur note à la baisse !
Blanquer prend le problème par le petit bout de la lorgnette et l’assume, espérant éteindre la contestation tout en sauvant son bac. Au lieu de préparer un bête examen, ces dernières semaines de cours n’auraient-elles pas pu permettre à chacun de renouer avec l’apprentissage en vue de préparer les années suivantes ? Cela aurait demandé de mettre dans les lycées les moyens nécessaires depuis longtemps. Ce que Blanquer refuse mordicus. À nous de l’imposer !