Les bourses qui ne dépassent pas quelques centaines d’euros et souvent versées en retard ; les logements en quantité insuffisante, exigus et parfois insalubres1 ; les petits boulots précaires à côté des études pour les financer ; les galères pour se nourrir entre privations, fins de marché et pour certains, les Restos du cœur ; la renonciation aux soins2 ; le stress permanent de savoir si on va réussir à finir le mois : voilà les multiples visages de la pauvreté qui touche aujourd’hui bien des étudiantEs, à commencer par ceux de milieu populaire.
C’est cette précarité qui a poussé un jeune de 22 ans à s’immoler devant le CROUS de Lyon vendredi 8 novembre. Il est encore aujourd’hui plongé dans un coma artificiel.
Contre le gouvernement qui sème la misère…
La lettre publiée sur les réseaux sociaux par ce jeune avant son acte de désespoir dénonçant la précarité étudiante et la responsabilité des gouvernements successifs a largement circulé. Et en effet le gouvernement est le seul responsable de la situation des étudiantEs pauvres : loin de la résoudre, il l’aggrave ! C’est lui qui a tenté l’an dernier d’augmenter les frais d’inscription pour les étudiantEs étrangers, prélude à une augmentation générale. C’est lui qui, à partir de janvier 2020, va encore diminuer les APL en changeant leur mode de calcul. Et, plus généralement, le gouvernement joue au Robin des bois à l’envers : il prend aux pauvres pour donner au patronat en attaquant partout où il y a de l’argent à récupérer, de l’hôpital à la SNCF, en passant par les retraites et l’université. Pourtant, en 2018, les patrons du CAC 40 ont engrangé 90 milliards de profits. Il y aurait là largement de quoi faire pour garantir des conditions d’études et de vie décentes !
Faisons entendre notre colère !
Depuis la semaine dernière, des milliers d’étudiantEs, choqués, se sont réunis dans tout le pays devant des CROUS pour faire entendre leur colère. Des actions « Resto U gratuit » ont également été menées dans plusieurs universités. À Paris, la manifestation qui a eu lieu le mardi 12 a renversé les barrières du ministère de l’Enseignement supérieur. La ministre Vidal a immédiatement dénoncé les « violences ». Mais une barrière, ça se répare, pas comme les vies brisées par la pauvreté !
Les étudiantEs commencent à s’organiser : des assemblées générales ont réuni plusieurs centaines de personnes, comme à Toulouse et à Lyon. Pour celles et ceux qui subissent la précarité au quotidien, c’est notamment l’occasion de donner de la voix pour que cette lutte soit la leur.
Dans les interventions, la convergence avec les autres secteurs qui se battent est à l’ordre du jour : avec les hospitaliers, les pompiers, les Gilets jaunes, et tous ceux qui descendront dans la rue le 5 décembre et les jours qui suivent contre la réforme des retraites. Les étudiantEs pourraient contribuer à réchauffer l’atmosphère sociale en rentrant sans attendre dans la bataille contre la précarité !
Bastien Thomas