Publié le Mercredi 25 janvier 2023 à 14h44.

L’homophobie a encore tué

Dans les Vosges, début janvier, Lucas s’est suicidé à l’âge de 13 ans car il subissait du harcèlement homophobe à l’école et dans son quartier. Encore une fois, l’homophobie a tué et les insultes, les menaces, les violences physiques, psychologiques et sexuelles en fonction de l’orientation sexuelle réelle ou supposée persistent, parfois dans l’indifférence.

Banalisées, ces violences témoignent d’une oppression prépondérante qui traverse toutes les sphères de la société. Et comme partout, l’homophobie subsiste dans les établissements scolaires. De la même manière que l’école reproduit les inégalités sociales, elle tend aussi à maintenir des normes de sexualité et de genre, alors qu’il serait plus intéressant que l’école soit le lieu où l’on questionne la norme. L’école véhicule des injonctions de genre et de sexualité. Elles sont difficiles à appréhender tant elles apparaissent comme des évidences. Pourtant elles sont omniprésentes notamment dans les cadres d’échanges informels du quotidien.

Normes de genre et de sexualité, oubliées des programmes

Gabrielle Richard, sociologue du genre, explique ceci dans son livre Hétéro l’école ? Plaidoyer pour une éducation anti-oppressive à la sexualité : « Alors qu’on assiste à une politisation croissante des questions de genre et de sexualité, celles-ci demeurent les grandes oubliées lors de la conception des programmes. Est-ce parce qu’il s’agit de sujets sensibles susceptibles de heurter de plein fouet les conceptions entretenues par plusieurs élèves (et adultes ?). [...] À quel point ce statu quo est-il causé ou alimenté, par la crainte des réactions des parents d’élèves, ou encore des débats houleux soulevés par les initiatives françaises les plus récentes ? » L’hypocrisie des campagnes de sensibilisation du ministère de l’Éducation nationale est manifeste. Ce n’est que de la poudre aux yeux, bien loin de la réalité. Ces campagnes reproduisent des clichés normatifs sans prendre en compte des violences LGBTIphobes. Il s’agirait de ne pas réduire la lutte contre les LGBTIphobies à la seule date du 17 mai dans les établissements scolaires par exemple. À quand des manuels de français proposant des auteurEs LGBTI ? À quand des supports et de vrais projets pédagogiques luttant contre les discriminations sans stéréotyper nos vies ? À quand tout simplement la fin de l’hétéronormativité à l’école ?

Ouvrir l’école aux associations de lutte contre les discriminations

Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’est dit opposé au traitement des questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre en école primaire et sceptique pour que cela soit abordé au collège. Le suicide de Lucas, qui a été précédé de tant d’autres, vient montrer à quel point il est essentiel de combattre les LGBTIphobies dès le plus jeune âge. Au-delà du personnel de l’Éducation nationale, il est important que des associations de lutte contre les discriminations puissent se rendre dans les ­établissements afin de sensibiliser les élèves.

Les réactionnaires, tel Éric Zemmour, s’opposent à leur venue en invoquant une prétendue « propagande LGBT », mais c’est leur propagande homophobe et transphobe qui se répercute dans les violences que nous subissons.

Alors pour Lucas et touTEs les autres enfants qui souffrent des LGBTIphobies, il faut que le gouvernement et l’Éducation nationale prennent leurs responsabilités, forment les personnelEs et agissent pour protéger les élèves.