De mémoire de militantEs marseillais, cela faisait bien vingt ans que l'on n'avait plus vu ça. Le 14 août, Stéphane Ravier, leader départemental du FN, appelait à un rassemblement « contre l'insécurité et la barbarie » devant la préfecture, suite au meurtre du jeune Jérémy dans le centre ville...
Réunissant quelques dizaines de personnes, l'élu municipal des 13e et 14e arrondissements (dans les quartiers Nord) ne peut se vanter d'avoir réellement réussi sa mobilisation. Toutefois, le FN s'impose une fois de plus comme un parti disposant de la légitimité d'occuper les rues. Face à lui, une soixantaine d'antifascistes de diverses organisations (AFA, NPA, PG, EELV…) étaient venus occuper le terrain avant que n'arrive l'extrême droite. Choisissant son camp, la police s'est immédiatement imposée en chassant le rassemblement à coups de matraques et de gaz, quasiment sans sommation (un militant est d'ailleurs en procès). Défendus par les CRS et en pleine ascension dans les sondages (qui le donnent en seconde place sur la ville et à 40 % dès le 1er tour dans le secteur de Stéphane Ravier), profitant d'un climat où affaires de clientélisme viennent se cumuler à une surexposition médiatique des crimes liés aux réseaux de drogue, le Front national a choisi Marseille pour tenir son université d'été les 14 et 15 septembre.
Dans la rue le 14 septembre
Depuis le mois de mai, la gauche sociale et politique s'organise pour faire front. Avec 36 organisations signataires, le collectif « Marseille solidaire contre l'extrême droite » recouvre depuis une dizaine de jours la ville d'affiches « FN hors de Marseille ». Unitaire des milieux anarchistes jusqu'à EELV, le collectif n'en a pas moins connu quelques difficultés à démarrer sa campagne. L'appel « contre le fascisme, pour le progrès social et l'égalité des droits » a tout de même réussi à attirer des dizaines de villes qui prévoient des transports collectifs pour venir manifester au soleil le 14 septembre (14h, Vieux Port). Solidement convaincu de la nécessité de s'ancrer à moyen et à long terme, un premier collectif de quartier s'est désormais créé et une semaine antifasciste est organisée dans plusieurs quartiers du centre et du nord de la ville, avec six événements publics portés bien souvent par des structures sociales et culturelles. Le collectif projettera également le dernier film de Ken Loach Spirit of 45.
Les ingrédients devraient donc être réunis pour opposer aux fachos un début de riposte unitaire. Les enjeux sont désormais d'ancrer la mobilisation dans les quartiers, les réseaux culturels et syndicaux. Dès le lendemain de la manifestation du 14 septembre, les tâches de tous les antifascistes de Marseille et d'ailleurs seront de ne pas s'arrêter à un événement mais de reconstruire un mouvement antifasciste unitaire et populaire. En ce sens, l'appel grec à la mobilisation européenne en janvier, la construction de cadres tels que la Conex (Coordination nationale contre l'extrême droite) ou la préparation d'une contre-campagne pendant les municipales doivent être discutés dès maintenant. La banderole du NPA affichera un objectif clair : « Dégageons les fachos ! »
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