Publié le Mercredi 24 juillet 2019 à 12h27.

Bordeaux : contre les expulsions, pour le droit au logement, à la liberté de circulation et d’installation

Juste avant le 14 juillet, deux squats et un bidonville au moins ont été violemment évacués par la police à Bordeaux et sa Métropole, jetant environ 300 personnes à la rue. 

Il y avait beaucoup de réfugiéEs d’Afrique régularisés, en demande d’asile ou sans-papiers, expulsables avec OQTF, ainsi que de squatteurEs, pour certains proches des libertaires.

La nouvelle Préfète, Buccio, est venue pour sévir. En poste auparavant à Calais, elle a battu des records de placement d’enfants en CRA...

Le 15 juillet, des sans-logis expulsés ont décidé, au local de la CNT, avec des assos et collectifs de squatteurs et d’aide aux migrants (Ovale citoyen, Médecins du monde…), d’occuper la Bourse du travail qui héberge la CGT (et la FSU), propriété de la ville de Bordeaux.

Le lien a fini par se faire avec l’UD CGT qui a dû appeler le lendemain à un rassemblement initié par les soutiens pour interpeller la préfecture. Il y a eu environ 80 personnes : militantEs de la CGT dont l’UD, de Solidaires, de la CNT, associatifs, du NPA, de LO, de la FI, de Génération.s et du PC. 

AG à la Bourse du travail

La préfecture a répondu qu’héberger des sans-logis à la Bourse constituait un « appel d’air » et qu’elle continuerait à évacuer d’autres squats. Une AG a été imposée à l’UD par les soutiens le soir même à la Bourse du travail avec une soixantaine de personnes, militantEs et soutiens, réfugiéEs et squatteurEs.

Suivie de trois autres AG, elles ont réuni tous les soutiens, du milieu libertaire investi dans la solidarité concrète à l’UD CGT surtout à la recherche d’une issue institutionnelle, avec interpellation de élus, dont ceux de LREM...

Les militantEs du NPA ont été à l’initiative du texte d’un communiqué issu de l’AG discuté avec des militants de Sud et travaillé en commission avec des assos, une militante de Sud, un migrant expulsé et la secrétaire de l’UD exigeant de la préfecture et de l’État un hébergement décent tout de suite, mais aussi le respect de la loi de réquisition des logements vides et donc, des logements pérennes avec du personnel, la liberté de circulation et d’installation et la régularisation des sans-papiers. Le communiqué a été signé en quelques heures par une quarantaine de collectifs et orgas dont le PC, des équipes syndicales CGT et Sud et la CNT. 

Les migrantEs, pour certainEs présents et qui sont intervenus en ce sens aux AG, ont aussi fait un communiqué pour dénoncer le rôle de l’Europe et de la France dans le pillage de leurs pays et exiger leur régularisation. 

Politisation du combat

Aucune équipe militante n’a pu, comme cela a été évoqué en AG, faire une campagne envers la population voire tenter une occupation médiatisée d’un lieu public symbolique, ni surtout lier la solidarité concrète avec des revendications politiques contestant les politiques anti-migrants des gouvernements, les conséquences du pillage impérialiste et plus globalement, le capitalisme.

Nous avons cependant contribué à politiser ce combat, à orienter le discours de l’UD dans le sens le plus contestataire possible et tenté avec beaucoup de soutiens de faire vivre des AG démocratiques, mettant la pression sur les institutionnels.

Finalement, le 19 juillet, le directeur de cabinet de Juppé a annoncé l’ouverture le soir même d’un gymnase pour 150 personnes avec lits de camp, douches et des repas préparés par la Métropole. Du provisoire, insuffisant, mais inespéré ! Mais à ce jour [23 juillet], le gymnase n’est toujours pas ouvert… La lutte continue.

 

Christine et Mónica (NPA 33, militantes FSU et CGT)