Publié le Mercredi 22 octobre 2025 à 17h00.

Budget : Les travailleurEs payent le soutien au capital et la course à l’armement

Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026, déposé par le gouvernement Lecornu, reprend les grandes lignes de celui de son prédécesseur Bayrou, en particulier l’obsession de la réduction du déficit public, qui serait ramené à 4,7 %. 

Les niveaux actuels de déficit public sont le produit de vingt ans de cadeaux fiscaux aux plus riches et de subventions des profits par l’argent public : crédit d’impôt-compétitivité, baisse du taux de l’impôt sur les sociétés, suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune… On pourrait donc partager l’objectif de réduction du déficit public s’il avait pour corollaire la suppression de ces mesures injustes. Mais pour Lecornu, comme pour Bayrou, l’objectif est que l’État emprunte moins tout en poursuivant les politiques fiscales pro-capitalistes, indispensables à la survie de pans entiers de la bourgeoisie française.

Baisse de la fiscalité sur le capital

Ainsi, le PLF 2026 accélère la baisse de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et fixe un objectif de suppression totale en 2028, privant dès cette année l’État de plus d’un milliard d’euros de recettes. La surtaxe exceptionnelle sur les bénéfices des 400 plus grandes entreprises serait quant à elle divisée par deux et ne rapporterait plus que 4 milliards d’euros. En difficulté face à la popularité croissante de la « taxe Zucman », Lecornu s’est retrouvé contraint de contre-proposer une version amoindrie consistant à taxer le patrimoine financier des holdings. Celle-ci ne devrait rapporter qu’entre 1 et 1,5 milliard d’euros. Au total, la fiscalité sur le capital serait donc allégée.

Hausse des dépenses militaires

La seconde obsession de Lecornu, comme de Bayrou avant lui, est la poursuite de la course à l’armement. L’« Himalaya » de la dette ne s’oppose manifestement pas à une augmentation conséquente des dépenses ­militaires, qui progresseraient de 6,7 milliards d’euros, une hausse plus importante que celle prévue par la dernière loi de programmation militaire. Pour les classes dominantes, ces dépenses constituent une forme de soutien à l’un des derniers secteurs industriels de pointe sur le territoire, mais aussi une façon de tenter de maintenir leur rang dans la compétition inter-impérialiste de plus en plus acharnée.

Sur le dos des travailleurEs 

Pour réduire les déficits tout en allégeant la fiscalité du capital et en augmentant les dépenses militaires, Lecornu s’en prend évidemment aux travailleurEs et aux services publics utiles à la population : nouveau tour de vis de 4,6 milliards d’euros pour les collectivités territoriales, diminution des crédits de plusieurs ministères, suppression de 3 000 postes de fonctionnaires, hausse de l’impôt sur le revenu des retraitéEs via le remplacement de l’abattement de 10 % dont iels bénéficiaient par un forfait de 2 000 euros, imposition des indemnités journalières perçues par les salariéEs souffrant d’une ­affection de longue durée…

En suspendant la réforme des retraites pour acheter sa survie politique, Lecornu rend aux travailleurEs 400 millions d’euros. Mais il récupère aussitôt plusieurs fois ce montant sur notre dos. La ficelle est grosse !

S’il a pu éviter la censure à cette étape, rien ne dit que ce PLF 2026 survive aux débats parlementaires, et surtout aux mobilisations qui vont reprendre face à ce musée des horreurs.

Simon Saissac