Caroline Cayeux, désormais ex-ministre des Collectivités territoriales, a donc présenté sa démission le 28 novembre. De toute évidence, ses petits démêlés avec la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) ont convaincu Macron et les siens qu’il était temps de l’exfiltrer d’un gouvernement au sein duquel les ennuis de ce genre volent en escadrille.
Il y a deux semaines, on apprenait ainsi qu’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, avait permis à son père de verser une forte somme d’argent sentant le pétrole et les paradis fiscaux à ses petits-enfants, tout en contournant toute forme de droit de succession. Et l’on n’oublie pas les figures de la Macronie sous le coup d’une enquête, voire d’une mise en examen (de Dupond-Moretti à Kohler en passant par Darmanin, Lecornu ou encore Dussopt).
Macron lui-même n’est pas épargné : on a récemment appris que deux informations judiciaires avaient été ouvertes contre lui, une pour des soupçons de financement illégal des campagnes électorales de 2017 et 2022, l’autre pour favoritisme et recel de favoritisme. Dans les deux cas, on retrouve l’ombre du cabinet de conseil McKinsey, qui a bénéficié sous l’ère Macron de contrats faramineux, lesquels ne manquent pas d’interroger le Parquet national financier.
Et l’on pourrait continuer la liste, pour arriver au même constat : la « start-up nation » est gangrenée par les conflits d’intérêts, les petits arrangements financiers entre amis et la mise à disposition des moyens de l’État pour le secteur privé. Ces « affaires » ne sont pas un accident, mais illustrent en réalité la philosophie (et la pratique) même du néolibéralisme autoritaire, où tous les coups sont permis tant que cela bénéficie aux grands groupes capitalistes et à ceux qui leur donnent des coups de main depuis des positions gouvernementales.
Caroline Cayeux, qui s’était illustrée l’été dernier par des propos homophobes et avait alors scandaleusement bénéficié de la solidarité gouvernementale, joue probablement cette fois-ci un rôle de fusible au sein d’un gouvernement qui collectionne les affaires judiciaires et financières tout en prétendant donner des leçons de morale et de « sobriété » à la population. On ne la regrettera pas, mais on sait que c’est de l’ensemble des « ces gens-là » qu’il va falloir se débarrasser, pour prendre vraiment nos affaires en mains et faire fonctionner cette société dans l’intérêt du plus grand nombre.