Du 23 au 25 novembre s’est tenu, à Ivry-sur-Seine, le 38e congrès du PCF. Et même si, à la sortie de ce congrès, le PCF s’est doté d’une nouvelle direction, d’un nouveau secrétaire et d’un nouveau logo, son orientation et sa stratégie privilégiant le PS semblent être un retour en arrière.
Ce 38e congrès restera dans les annales de la longue histoire du PCF. Pas sûr que ce soit du fait de l’orientation adoptée mais plutôt du fait que pour la première fois, le secrétaire national a été évincé alors qu’il souhaitait rester. C’est donc sans grande surprise que Fabien Roussel, député du Nord, est devenu le nouveau secrétaire national après que son texte emmené également par André Chassaigne, « Pour un manifeste du Parti communiste du 21e siècle », a été majoritaire le 6 octobre dernier. Selon le nouveau secrétaire, à la sortie de ce congrès, le PCF sort renforcé et les communistes uniEs et soudéEs… Une jolie histoire pour les enfants.
La dernière décennie aux oubliettes
Le fait marquant de ce congrès est sans aucun doute la décision d’en finir avec la stratégie de ces dix dernières années portée par Pierre Laurent. En effet, les 736 déléguéEs présents au congrès ont mis fin à la stratégie d’alliance privilégiée avec La France insoumise de Mélenchon en votant à 77 % le texte d’orientation. Fini donc le Front de Gauche, créé il y a juste 10 ans et déjà largement moribond. Le PCF renoue ainsi avec sa stratégie d’alliances à géométrie variable en vue, entre autres, des prochaines municipales, mais en privilégiant le PS qui pourrait leur permettre ainsi de garder quelques communes. Dans le texte d’orientation adopté ce week-end, la critique envers ce dernier y est douce, très douce. En effet, le PS est présenté comme un parti pouvant faire « renaître dans le futur une social-démocratie ». Et le PS ne s’y est pas trompé : ce fut la seule organisation politique à être venue en force et, dans la délégation, on trouvait même Olivier Faure, le premier secrétaire. Tellement heureux les socialistes de retrouver leurs alliés qu’un des membres de la délégation socialiste a indiqué à Mediapart : « On revient à une relation classique entre le PCF et le PS, ça fait du bien. » Et pour ménager, à la fois, les « identitaires » et les « unitaires », le congrès a aussi adopté une liste autonome aux prochaines élections européennes avec Ian Brossat à la tête d’une liste « de large rassemblement ».
« Soudés et unis », les communistes ?
Depuis la fin du congrès, Fabien Roussel se félicite, dans toutes les interviews, que les communistes sortent de ce congrès « soudés », « unis » et « rassemblés ». Mais ce n’est pas vraiment le cas. Ainsi, les députéEs n’ont pas touTEs défendus le même texte. Une partie d’entre elles et eux, comme Stéphane Peu et Elsa Faucillon, sont en effet favorables à un rapprochement avec Mélenchon plutôt qu’avec le PS. Ce dernier, pour Elsa Faucillon, reste et restera longtemps un « vecteur puissant du libéralisme ». Les désaccords semblent assez importants pour qu’Elsa Faucillon refuse de rentrer dans la nouvelle direction et semble décidée à créer une sorte de « think tank », avec Clémentine Autain, pour et avec touTEs les « unitaires ». D’autres députés, et pas des moindres, comme Marie-George Buffet et Sébastien Jumel, ne se sont tout simplement pas déplacéEs, comme si cela n’était plus leur histoire. Les communistes ne se sont donc pas tout à fait entièrement raccommodéEs, semble-t-il.
Fabien Roussel sera sans aucun doute, pour les médias, un meilleur « client » que Pierre Laurent, mais sur le fond politique, il n’est pas porteur d’une véritable alternative stratégique et théorique. Pire, le rapprochement avec le PS d’Olivier Faure ne permettra pas d’en finir avec le processus de marginalisation du PCF. Bien au contraire, cela risque même de l’accélérer.
Joséphine Simplon