Mardi 10 septembre, plus de 300 000 salariéEs, retraitéEs, jeunes et privéEs d’emploi sont descendus dans la rue. Certains ont fait grève la journée, d’autres ont débrayé quelques heures pour manifester.
Beaucoup d’autres s’étaient simplement débrouillés pour être du nombre et montrer leur refus de cette nouvelle « réforme » des retraites... menée par un gouvernement soi-disant de gauche, et tellement dans la continuité de celles menées par les gouvernements de droite depuis 1993. Dimanche dernier sur TF1, Hollande affichant son contentement... et sa politique au service du Medef et des riches, n’a pas eu un mot pour les travailleurs et les classes populaires, si ce n’est son bluff sur la croissance et la courbe du chômage. Une nouvelle fois, il donne raison à toutes celles et ceux qui n’attendent rien de lui. Le 10 septembre, qui a vu les plus grosses manifestations ouvrières depuis son élection, pourrait être une étape vers de nouvelles batailles pour stopper le rouleau compresseur des politiques d’austérité.
Hollande, « président des patrons » !
Le festival pro-patronal du tandem Hollande-Ayrault bat effectivement son plein. La réforme des retraites sera indolore pour les patrons puisque la hausse de leurs cotisations retraites sera compensée par une baisse à venir des cotisations famille. À l’inverse, les salariés débourseront 2,2 milliards d’euros par an en 2020, et les retraités, 2,7 milliards.
Le projet de budget pour 2014, présenté mercredi 11 septembre, est une nouvelle preuve d’amour du gouvernement vis-à-vis des capitalistes. Sur les 15 milliards d’économies annoncés, 6 milliards le seront sur le dos des dépenses de l’assurance maladie et des régimes de retraite. Quant aux 9 autres milliards, ils seront pris sur les dépenses de l’État. Les suppressions de postes dans les services publics et les baisses des dotations des collectivités locales seront autant d’attaques supplémentaires contre les conditions de vie des classes populaires.
Quant aux hausses d’impôts, le gouvernement se livre à une grande opération d’enfumage pour masquer l’essentiel : les entreprises seront épargnées. La fin du gel du barème de l’impôt sur le revenu profitera d’abord aux hauts revenus et ne compensera pas la hausse de la TVA déjà programmée pour payer les 20 milliards de cadeau au patronat du crédit d’impôt compétitivité. Et d’autres prélèvements pèseront sur les salariéEs. À défaut d’éradiquer les vraies niches fiscales, le gouvernement va, par exemple, supprimer les réductions d’impôt bénéficiant aux familles ayant des enfants dans le secondaire et le supérieur ! C’est la justice fiscale à la sauce hollandaise : moins 2 milliards pour les patrons, plus 5 milliards pour le reste de la population.
Ne pas laisser l’extrême droite récupérer la colère
Hausses d’impôts, blocage des salaires, précarité, licenciements, chômage de masse, casse du code du travail, expulsions de logement... La liste des attaques contre le monde du travail ne cesse de s’allonger. Si nous ne faisons rien, non seulement nos conditions de vie et de travail vont continuer de se dégrader mais c’est l’extrême droite qui va en profiter pour mieux nous mettre au pas.
À l’occasion de l’université d’été du Front national à Marseille, Marine Le Pen a occupé l’espace médiatique tout le week-end. Un sondage l’a présentée comme la meilleure opposante à François Hollande, d’autres lui prédisent de gros succès lors des prochaines élections municipales de 2014. Du coup, du côté de l’UMP et du ramassis réactionnaire de la « Manif pour tous », on rivalise de déclarations d’amour vis-à-vis du FN. Toutes ces cliques de droite et d’extrême droite rêvent du pouvoir. Il y a danger !
Croire en nos propres forces
Il est possible de prendre appui sur la journée du 10 septembre pour reprendre l’offensive sur le terrain des intérêts du monde du travail. La bataille qui commence pour imposer le retrait du projet de loi sur les retraites pose la question de l’affrontement avec le gouvernement et avec le patronat. Sur la question des retraites peut se cristalliser, s’agglomérer le rejet de toute la politique antisociale subie par la population.
Dès maintenant, nous devons mettre en débat sur nos lieux de travail, dans nos organisations syndicales, dans les collectifs unitaires la perspective d’une grève prolongée, d’un mouvement d’ensemble, déterminé et capable de bloquer l’économie du pays pour faire reculer le gouvernement. Personne ne dit que ce sera facile. Mais ce qui est certain, c’est que c’est de la responsabilité de toutes celles et tous ceux qui sont résolument du côté des exploités de travailler à cela.