Depuis les annonces d’Emmanuel Macron le 12 juillet, la contestation des projets gouvernementaux, et notamment du pass sanitaire, ne faiblit pas. Il faut dire qu’une fois de plus, la Macronie a choisi le passage en force et la contrainte, dans la continuité de ce qui est à l’œuvre depuis 18 mois, avec toujours le même principe : contraindre plutôt que convaincre.
Au fur et à mesure que le temps passe, on se rend compte à quel point le pass sanitaire est une aberration. Exemple particulièrement significatif, parmi bien d’autres, du caractère absurde, dangereux et discriminatoire des mesures gouvernementales, avec l’obligation de présenter un pass sanitaire attestant d’une vaccination complète, un test PCR négatif ou un certificat médical de rétablissement du covid pour toute personne se rendant dans un établissement sanitaire, social ou médico-social, sauf pour une urgence. Autrement dit, de potentielles privations de soins médicaux au nom d’arguments… de santé publique. Comme l’explique l’Union syndicale de la psychiatrie (USP) : « Ceci est une atteinte extrêmement grave à l’accès aux soins pour les personnes malades, à l’accès aux services sanitaires ou sociaux, créant une discrimination entre ceux qui ont accès ou non aux vaccins. Or, nous le savons bien, outre les personnes réticentes ou opposées à la vaccination, une partie de la population n’a pas accès à cette vaccination. »
Logique dangereuse
Si l’exemple de l’accès aux structures médicales et médico-sociales peut sembler « hors normes », il est en réalité une illustration de la dangereuse logique de l’autoritarisme du gouvernement, qui se décline dans bien d’autres cas. Ainsi, si à cette heure le principe du licenciement sine die, et sans autre motif, d’unE salariéE sans pass sanitaire, n’est plus d’actualité, on parle néanmoins de suspensions de salaires et d’une possibilité maintenue de licencier. Et si le gouvernement affirme que les vérifications d’identité ne seront pas systématiques, c’est pourtant la surveillance généralisée qui s’étend, sans oublier, comme le souligne la Quadrature du net, que « les données du passe sanitaire peuvent être détournées par n’importe quelle personne scannant un passe sanitaire ». Enfin, à l’heure où l’hôpital manque cruellement de personnels et que la quatrième vague se développe, imagine-t-on que les soignantEs qui refuseront de se soumettre à l’obligation vaccinale seront interdits autoritairement d’exercer leur métier, ce qui ne manquera pas d’approfondir le chaos dans les hôpitaux ?
Quand les héros deviennent des traîtres
Il y a un an, les soignantEs étaient des « héros », que Macron voulait faire défiler le 14 Juillet et à qui il voulait distribuer des médailles. Aujourd’hui celles et ceux qui hésitent sont presque devenus des traîtres, coupables de faire circuler la maladie, et menacés d’être privés de salaire puis d’emploi. Il y a un an, le pouvoir n’avait guère de scrupules sur les risques de contamination quand il envoyait les soignantEs « au front », sans masques appropriés, avec des sacs-poubelles faute de surblouses, et quand les directions hospitalières imposaient à celles et ceux qui étaient contaminés de reprendre le travail s’ils et elles n’avaient plus de symptômes. En stigmatisant les hospitalierEs et, plus largement, les personnes réticentes au vaccin et/ou au pass sanitaire, l’exécutif espère détourner l’attention de ses propres responsabilités dans la remontée de l’épidémie et dans le délabrement d’un système hospitalier qui sera encore moins capable de faire face, faute de personnel et de moyens, à la 4e vague. Les promesses de moyens supplémentaires pour l’hôpital et les EHPAD sont restées du vent, les conditions de travail et d’accueil des patientEs continuent de se dégrader et le management autoritaire et répressif des directions a repris de plus belle, provoquant écœurement et démissions.
Démocratie sanitaire
Contrairement à ce que voudraient faire croire nombre d’éditorialistes et de responsables politiques, les dizaines de milliers de personnes qui se sont mobilisées depuis le 12 juillet, et qui vont continuer de le faire, ne sont pas une meute d’affreux réactionnaires anti-vaccins. Et si l’on retrouve parmi les manifestantEs certaines franges de l’extrême droite et des adeptes des théories complotistes/conspirationnistes, dont nous devons répéter qu’ils ne seront jamais nos alliés et dont nous entendons bien continuer de combattre l’influence néfaste, nous sommes de celles et ceux qui considèrent que la gauche sociale et politique ne peut rester l’arme au pied face à la dangereuse politique du gouvernement.
Répétons-le : la vaccination générale à l’échelle mondiale est le meilleur moyen de stopper la pandémie ; la balance bénéfices-risques, avec désormais un recul sur plus de 2,5 milliards de doses injectées, plaide absolument en ce sens. Mais disons-le également : c’est par la levée des brevets et par des politiques sanitaires ambitieuses et associant la population que la pandémie sera vaincue, pas par la contrainte et l’extension du domaine de la surveillance. Tel est le sens de la signature par le NPA de l’appel unitaire « Refusons le projet de loi sanitaire et les régressions sociales », qui affirme notamment « [qu’]au nom de l’efficacité sur le long terme contre l’épidémie et pour préserver nos libertés, nous nous opposons à la nouvelle loi [adoptée] à l’assemblée, tout comme aux mesures antisociales qui visent à faire payer la note de la crise sociale au monde du travail. » C’est ce que nous continuerons de défendre dans les jours et les semaines qui viennent, y compris en nous joignant, partout où il est possible de porter une telle politique, aux initiatives de mobilisation.